Le dernier post que j’ai écrit à propos de la reconstruction de la digue de Loix remonte à mi-mars.
Petite révision à propos du site. Depuis le port jusqu’à l’anse du Grouin, la digue avec ses enrochements est longue de 3,4 km. Elle borde la Fosse de Loix. Juste en face, à un vol d’oiseau, La Couarde. Ici lorsque l’océan est doux et calme, l’endroit est merveilleux. Mais lorsqu’il se déchaîne, ceux qui ont vu Xynthia de près vous diront que les flots peuvent être violents.
En cette fin décembre 2017, l’édification du parapet et la pose des enrochements sont terminés. Toutefois il y a encore à faire, du côté du port et des marais avoisinants, pour que la mise en sécurité du village soit définitivement achevée.
PETIT RETOUR EN ARRIÈRE. Au printemps de cette année, les travaux se sont arrêtés durant cinq mois. Rien de plus normal. Le planning du chantier doit intégrer la période de nidification des oiseaux : on ne dérange pas l’oiseau qui couve.
Fin mars je suis allée prendre quelques photos sur le port. Le muret en est alors à la réalisation des armatures dans lesquelles le béton sera ensuite coulé.
Trois semaines plus tard, fin avril, le muret est édifié, le port dégagé, l’environnement propret. Les vacanciers vont pouvoir jouir du lieu, même s’il n’est pas encore totalement abouti.
Début septembre, lorsque les travaux reprennent. Les oiseaux sont nés et déjà bien adaptés à leur environnement.
Vue depuis la mer la digue paraît costaude. Elle est aussi élégante, elle s’intègre parfaitement dans le paysage.
Pour mieux se repérer et se remémorer la nature des travaux de protection de Loix, je vous propose une petite révision de la fiche technique.
Le chantier consiste en l’édification d’une digue et d’un muret, sur lequel s’appuient des enrochements. C’est ce qui est appelé le premier rang. Il figure par un trait noir sur la carte.
Un second rang complète le dispositif, en faisant office de caissons, en cas de submersion.
Avec en plus, un dispositif particulier pour la place du port et la partie Ouest derrière le moulin à marées.
Voici donc l’évolution des travaux sur les différents points du site depuis la rentrée de septembre 2017.
DIGUE DE LA GRANDE TONILLE. Elle débute à la plage du Grouin.
Je ne me lasse pas des couleurs et de la perspective sur les marais et sur la Fosse de Loix.
Dès septembre, les premières oies bernaches sont arrivées. On ne les voit pas, mais leur cri singulier signale leur présence.
Elle est vraiment longue cette Grande Tonille ! Fin septembre, à certains endroits le muret est terminé. Sur d’autres, les ferraillages sont encore en cours.
C’est incroyable de constater combien la végétation repousse à la vitesse de l’éclair ! Je me souviens des pelleteurs qui ont re-profilé l’endroit au début du démarrage du chantier. C’était boueux et vaseux… Les flancs d’argile, en bri, étaient complètement nus. Une année plus tard, la nature a totalement repris le dessus.
Coffrages, ferraillage, béton, sont le lot quotidien du personnel du chantier.
Mi-novembre, il reste 500 encore mètres de béton à couler dans les coffrages du muret. Un mois après, le muret est terminé. Youpi !
La piste de service sera recouverte d’un revêtement en grave non traité, une sorte de granulat un peu bleuté. En langage BTP, ils appellent ça du GNT.
LA RAMPE OSTRÉICOLE
En mars dernier le béton avait été coulé sur le Pas d’accès à l’estran. Ces jours-ci, l’ouvrage n’est pas terminé. Le travail se fait en concertation avec les ostréiculteurs. Actuellement c’est la pleine saison pour les professionnels, il faut attendre que les Fêtes soient passées pour que la suite de cette partie du chantier reprenne.
Mi-janvier 2018, la finition du Pas sera réalisée, elle durera une dizaine de jours.
Les OUVRAGES HYDRAULIQUES
Situé en lisière des marais, le chantier de Loix présente une particularité : tout au long de la digue, neuf vannes alimentent les marais en eau.
Un diagnostic a été mené, les utilisateurs des marais ont été concertés, les vannes ont été scrupuleusement inspectées.
Une vanne de marais c’est un système savant et compliqué d’ouvrage hydraulique : crics, organes de démultiplication pour les manoeuvres, crémaillères, clapets, buses et tuyaux d’évacuation. Il faut également que les prises d’eau soient bien étanches.
Certaines vannes se sont révélées totalement vétustes. Elles entravaient les manoeuvres, il faut les remplacer et donc en faire fabriquer des toutes neuves. D’autres nécessitaient un nettoyage en profondeur et un bon graissage.
Le remplacement des vannes ne peut se faire qu’à marée descendante et basse. Les délais d’intervention sont vraiment courts, alors que le sujet est particulièrement délicat. Les ouvriers du chantier sont hyper concentrés. Lorsqu’ils doivent opérer le changement complet de l’importante vanne au milieu de la digue de la Grande Tonille, c’est un peu une course contre la montre, chaque minute compte.
Les nouvelles vannes ont été fabriquées à Périgny par l’entreprise Cardinaud. La plus grosse pèse 2,4 tonnes.
Pour faire ce métier, il ne faut pas avoir le vertige ! Le travail se fait sur un à-pic de six mètres, plutôt spectaculaire.
En parallèle, les enrochements se poursuivent.
75 000 tonnes de matériaux ont été utilisés : 50 000 tonnes de granit et 25 000 tonnes de diorite. Ce n’est pas rien !
Ça y est, les enrochements sont bel et bien terminés depuis quelques jours. Les équipes de la maîtrise d’oeuvre et d’ouvrage du Conseil départemental les ont validés. Le site de stockage est en cours de repli.
DIGUE DE LA PETITE TONILLE ET DU CUL D’ÂNE
Déjà en mars dernier, cette partie du chantier était déjà bien avancée, en particulier le glacis. Le glacis c’est le mot technique pour dire les pierres posées juste au ras du mur. On parle de glacis pour les gâteaux, pour les digues c’est un peu la même chose, c’est la couche de finition.
L’été dernier, beaucoup ont pu profiter du site qui avait été ouvert provisoirement aux piétons. Ainsi que c’est le cas à Saint-Clément des Baleines, le chemin qui longe la digue n’est pas une piste cyclable.
Seul le Cul d’Âne fait partie des pistes cyclables de Loix. Ce n’est pas le cas pour la Grande et de la Petite Tonille, où le cheminement est une piste de service, une piste d’entretien, pour permettre le passage des engins de travaux dans le cas où il faudrait intervenir. C’est ainsi que le prévoit la règlementation en matière de digues, d’une façon générale.
Les vélos qui y circulent le font à leurs risques et périls. Je sais que cette information en fait bondir plus d’un ! Le lieu est certes magique pour faire de belles balades.
La piste d’entretien est large de 3 mètres, suffisante pour que les engins de travaux puissent justement y passer lorsque la digue sera terminée.
Début octobre, le revêtement définitif a été posé au Cul d’Âne. Il est en calcaire stabilisé. Comme on est là sur la piste cyclable, ce matériau est adapté à la circulation des bicyclettes.
Le revêtement du dessous a été réalisé à partir du concassage des anciens perrés. Rien se ne perd, tout se transforme.
Mi-octobre peut-être avez-vous vu des bâches de plastique posées dessus ? C’est la technique utilisée pour éviter l’évaporation trop rapide de la teneur en eau des matériaux. Dix jours plus tard, les bâches sont retirées.
LE SECOND RANG DE PROTECTION : UN MERLON DE TERRE
Merlon est le mot qui désigne une levée de terre.
Les moutons dressent l’oreille dès qu’ils entendent un bruit inhabituel. Bêêêê…qui va là ?
Le merlon démarre au bout du petit chemin blanc, après la rue des Guichots, en direction de la mer. Ce sentier est bien connu à Loix. C’est la “ vraie ” piste cyclable, elle serpente joliment en courbes au travers des marais.
Afin d’être en conformité avec les normes de protection demandées par l’Etat, la levée de terre est désormais à la cote NGF 4,70 m. La piste cyclable a donc été rehaussée avec de la terre issue des bas-côtés, et également avec des matériaux argileux de l’île de Ré.
La météo n’est pas toujours clémente. Les jours de mauvais temps rendent encore plus difficile et ingrat le travail en milieu maritime.
5 décembre, jour de brouillard. Il est dense. Pour prendre des photos, l’ambiance est un peu surréaliste. Mais pour l’homme de chantier, j’imagine que ce ne doit pas être très facile de travailler dans de telles conditions.
Comme il s’agit de la piste cyclable, un revêtement calcaire stabilisé y sera posé, comme au Cul d’Âne. D’ci la finition en mars prochain la piste est déjà praticable, avec en prime une vue sur-élevée. Prudence tout de même, l’effet optique peut surprendre car la végétation n’a pas encore poussé.
Chaque mercredi les équipes du Groupement Guintoli/NGE GC, celles du Conseil départemental (Maître d’oeuvre et Maître d’ouvrage), et celle de la CDC se retrouvent pour la réunion de chantier autour des dossiers en cours et encore à mener.
Entre la réglementation en vigueur sur les digues, les contraintes en site classé et Natura 2000, la réalité quotidienne du chantier, et la future sécurité du lieu, il y a matière à discussions et solutions à trouver.
Les équipes se rendent régulièrement sur le terrain pour voir si tout est Ok. Au besoin elles examinent les endroits à reprendre ou à modifier. Tout est passé au crible : blocométrie des enrochements, finition des murets, comportement des nouvelles vannes, remarques des usagers des marais.
SUR LE PORT
Début novembre, une belle surprise. Les poteaux sont habillés en pierre, et sur le muret des pierres blanches de couronnement ont été posées. Il restera à faire les enduits du muret.
La construction du muret sur le port fait partie des travaux de la nouvelle digue. Toutefois le port de Loix est départemental et non pas communal. Cela signifie que sa gestion et son entretien sont assurés par le Département de la Charente-Maritime.
Les quais, la cale et les maçonneries se sont beaucoup dégradés au fil du temps. Ce charmant port n’est pas de première jeunesse.
En parallèle des travaux proprement dits de protection du village, un nouveau chantier a démarré fin novembre, sous la houlette du Conseil départemental. C’est parti pour trois mois.
En le regardant attentivement, il est vrai que ce petit port de Loix présente de gros bobos ! La cale est bombée. En dessous, le vieux béton part en plaques. La mer creuse inexorablement les pierres de fondations. Les parements des pierres du quai sont considérablement dégradés.
Certaines images me font penser à ce qu’était la digue du Boutillon avant sa reconstruction.
Dame végétation arrive même à pointer son nez au travers des vieilles pierres !
En prenant les photos un peu au large du quai, je sais pourquoi je ne participerai jamais à la traditionnelle course dans la vase de Loix. Elle est terrible cette vase molle ! Elle est profonde, les bottes font scratch-scratch lorsqu’on marche dedans.
Il n’y a que les oiseaux qui peuvent se poser et déambuler en toute légèreté sans s’enfoncer.
Le Conseil départemental a mandaté l’entreprise Etchart pour mener les travaux de réfection du port.
Dans un premier temps, les vieux joints des parements de pierres du quai sont piqués. Ils sont refaits à l’identique, en chaux et en ciment maritime.
Le quai est de nouveau bien clean, et bien beau.
En vidéo, voici un court résumé de quelques étapes du chantier de septembre à novembre :
Les travaux s’arrêtent pendant la période des Fêtes. Ils reprendront le 8 janvier. Pendant ce temps les accès du chantier et de la digue de Cul d’Âne sont fermés avec des barrières.
A l’année prochaine pour la suite des travaux de la digue, côté moulin à marées, en plus de ceux du port lui-même. Voilà une autre histoire à relater.