A Saint-Clément des Baleines, la nouvelle digue se dessine. Il s’agit du tout premier tronçon d’un long linéaire, qui mesurera 1600 mètres au total.
A chaque fois que je vais sur le chantier pour prendre des photos, mon premier point de repère visuel est la petite cabane en pierres. A quel sorte de terrain faut-il s’attendre aujourd’hui ? gadoue ou sol sec ? Elle me permet aussi de constater les changements importants, semaine après semaine.
Je vous propose de revenir en détails sur un mois et demi de travaux, depuis mon post du 31 janvier.
2 FEVRIER
La forme de la future digue commence à bien se percevoir. Le mur de protection sera construit là où le sol est aplani. Les équipes continuent de mettre en place le géotextile avant d’y déposer les cailloux qui constituent la risberme, le sorte de gros talus au pied de ce mur.
Vue depuis le bas du chantier, la masse de pierres est plutôt impressionnante.
Ce jour-là, la mer est loin. Aux marées hautes, elle a charrié des algues, mais pas que. Il y a des déchets un peu partout. Ça fait mal au coeur de savoir que la mer est une poubelle…
Le 8, le 9 et le 14 février, le vent a énormément soufflé. Le haut panneau de chantier a pris un sacré coup de tangage, il est tout vrillé.
En raison de la mauvaise météo, les travaux ont dû être arrêtés le jour de la tempête. Il était impossible de tenir debout en bord de mer. Et cela pouvait être dangereux pour les équipes.
16 FEVRIER.
Le terrain est archi boueux. Heureusement le retour du soleil va permettre le séchage, mais cela va prendre un certain temps ! La mer est magnifique. Elle laisse apparaître des traces des anciennes écluses à poissons qui existaient autrefois à cet endroit. Les petites pierres qui affleurent au ras de l’eau sont très visibles.
Vue sur le sémaphore des Baleines, le cheminement montre que le mauvais temps a considérablement brassé les petites pierres concassées, qui avaient été savamment tassées les semaines précédentes. Le chantier a été un peu freiné.
L’assise du mur continue à se profiler. Le placement des pierres de rhyolite, stockées sur le mur d’enceinte du chantier continue, pour faire le talus.
Les pelles qui oeuvrent en contrebas ne peuvent être opérationnelles qu’à marée basse ou descendante. Ces jours-là, le chantier débute de très bonne heure. Je suis toujours autant fascinée par le doigté que nécessite les manipulations de poses des cailloux à un endroit précis. Les machines sont énormes, les pierres bien grosses, et l’édification est minutieuse.
Le mardi est le jour de la réunion de chantier, chaque semaine un point est fait. Autour de la table de travail, tous les protagonistes du projet : les équipes de maîtrise d’oeuvre et d’ouvrage du Conseil départemental. Celles de la Communauté de communes de l’île de Ré. Des élus du conseil municipal de Saint-Clément des Baleines. Les entreprises opérationnelles du chantier : Ré-TP, Coda, Bonnet, Eiffage. Apave en charge de la sécurité du chantier. Et selon les semaines, se joignent à eux, de façon ponctuelle, d’autres intervenants en fonction de l’avancement du projet.
1er MARS.
Ah ça y est, le béton de propreté pour l’assise du mur a débuté ! Ça avance vite.
C’est toujours à la main que se font les finitions : râteau, égalisation du béton… Et pendant ce temps-là des cailloux, encore des cailloux.
La mer est relativement calme, et le chemin d’accès pour les camions encore bien boueux. En bord de mer, à cette époque de l’année les sols restent humides un bon bout de temps.
8 MARS.
Une première série d’armatures du mur est montée.
C’est le premier jour d’une série de cinq de grandes marées. La mer tape déjà allègrement contre les pierres.
En arrivant sur le chantier, les bras des bétonnières se dévoilent de loin. Les toupies de béton se succèdent, on les croise sur la route. Les entreprises CODA et Bonnet ont pris le relais pour la réalisation du mur lui-même. Coda pour la semelle et Bonnet pour le muret. Ce sont les mêmes entreprises locales du continent qui officient, entre autres, pour le chantier de protection de La Flotte. Tous ont l’habitude de travailler ensemble, en coordination et en complémentarité.
Le premier tronçon de l’assise du mur se termine. Les aciers des armatures sont déjà une première indication de ce qu’en sera la hauteur. Le technicien du laboratoire du Conseil départemental est à pied d’oeuvre pour vérifier la qualité du béton, la plasticité en termes techniques. Les coffrages du mur se préparent activement. La semaine prochaine, à coup sûr, il y aura du changement…
15 MARS.
Oh oui, il y a du changement ! Le mur commence à s’édifier.
Le ciel est bleu marine, la température clémente. Vu du bas la perspective sur l’ensemble du chantier est étonnante. Le mur paraît haut, mais rassurons-nous lorsque tout sera terminé, les piétons pourront voir aisément la mer. Le chemin de promenade sera remonté, par rapport à celui qui existait sur l’ancienne digue. Le PAPI (Programme d’Action de Prévention contre les Inondations), validé par l’Etat, prévoit bien un surhaussement à Xynthia + 20, comme pour toutes les digues de l’île de Ré.
Les cailloux du talus sont de deux sortes : en sous-couche de la diorite, une pierre de couleur noire, et par dessus de la rhyolite, aux reflets bruns-rouges. Le choix des pierres est validé par l’ABF et par la Commission des Sites.
En parallèle, le concassage des cailloux ne faiblit pas. Les vieilles pierres sont réutilisées au fur et à mesure du profilage de la nouvelle digue. Rien ne perd, tout se transforme sur place. Il faut faire parfois du tri. Les anciens murs comportent d’antiques armatures de ferrailles.
En plus de la cabane de pierre, j’ai un second repaire visuel lorsque je prends des photos. C’est justement ce morceau de vieille digue. Il est haut. De quand date-t-il ? Il est différent des autres parties de l’ancienne digue.
A l’autre bout, à 800 mètres du début de ce premier tronçon, le chantier de déconstruction de la vieille digue se poursuit.
La rue de la Digue, bien nommée à Saint-Clément des Baleines.
Je vous donne rendez-vous d’ici quelques semaines pour la suite du feuilleton de ce chantier. En attendant voici une vidéo. Elle récapitule les différentes phases du 2 février au 15 mars.