Maintenant je peux le dire, du 5 février au 5 mars, j’ai passé un mois avec l’association des Amis d’Arbollé, au Burkina Faso. Ceci explique mon long silence sur le blog. 
Une mission d’ONG n’est jamais une histoire anodine. Ça laisse des traces dans le coeur et dans la tête. Au retour, les images de l’expérience vécue sur le terrain vous hantent un long moment. Et pour autant, cette mission exploratoire s’est révélée des plus positives.
La dernière mission des Amis d’Arbollé remontait à 2014. Entre temps, le pays a connu des changements politiques majeurs. Revenir à Arbollé au bout de quatre années permet de renouer des contacts directs avec les amis, les connaissances, et avec les autorités coutumières et les nouvelles autorités communales.
Et aussi de constater des évolutions certaines. Même si un village de brousse, reste un village de brousse.
L’électricité à Arbollé est encore rare, seulement 10 % de la population y a accès. Les poteaux n’arrivent pas au seuil des maisons. Le téléphone portable est l’outil de communication de (presque) tous dans la brousse. Il faut faire preuve de débrouillardise pour aller recharger les appareils chez ceux qui ont la chance d’avoir l’électricité. Un énorme merci à eux !
S’équiper en panneaux solaires coûte cher. Quand les cases en sont équipées, brancher l’ordinateur nécessite un convertisseur. Disposer d’un tel matériel, n’est pas donné à tout le monde.
Passer un mois dans la brousse, c’est donc s’adapter à la situation.
L’eau, une denrée précieuse, est tirée au puits. La corvée est assurée par les femmes et les enfants. La file s’avère parfois longue pour obtenir quelques bidons d’eau.
La douche, le soir en plein air, prise au moyen de seaux et de petites calebasses, sous le ciel chaud et étoilé d’Afrique, est un moment de pur délice.
Etonnamment la fibre optique arrive dans tout le Burkina Faso. Au bord des routes, il y a des tranchées partout. Arbollé suit la même tendance. D’ici fin 2019, le village sera équipé.
Nous Rétais, devrons attendre 2021 ou 2022. Lorsque nous disons aux Burkinabè qu’ils auront la fibre avant nous, ils ont du mal à nous croire !
L’élan est là. On sent que cela bouge bien. Beaucoup de jeunes adultes prennent leur destin en mains. Il y a de la vitalité dans l’air.
70 % de la population d’Arbollé a moins de 25 ans. Ne nous hasardons pas à la comparer à la structure de celle de l’île de Ré.
Lorsque l’association des Amis d’Arbollé a été créée en 1981, Ars-en-Ré comportait 1 400 habitants, tout comme Arbollé-Centre.
37 ans plus tard Ars-en-Ré comporte un peu plus de 1 300 habitants. Pour la commune d’Arbollé, ce sont environ 75 000 habitants qui vivent dans 48 villages. Le chiffre devrait être confirmé au recensement de 2018-2019. C’est l’équivalent de la population de La Rochelle ! L’île de Ré, avec ses 17 920 habitants, n’est pas grand chose en proportion.
Pour le nouveau maire, Boureima Ouedraogo, élu en mai 2016, la tâche est immense. Il dirige un conseil municipal de 96 membres, deux par village quelle que soit la taille du village. Il est entouré d’une équipe opérationnelle, organisée en comités. Le Plan Communal de Développement de la Commune est en cours de révision et de rédaction, avec l’appui des services de l’Etat.
Comment les Amis d’Arbollé peuvent-ils apporter leur contribution ? Comment satisfaire les besoins d’une telle population quand vous êtes une ONG de petite taille, quasi familiale, aux moyens limités ?
L’association Les Amis d’Arbollé est la plus ancienne présente sur place. Depuis 37 ans, des liens d’amitié se sont tissés. Quatre présidents se sont succédé à la tête de l’association.
La construction de la pharmacie, la participation à celle de la maternité, la réfection d’une école et du dispensaire, le soutien à des actions de sensibilisation sanitaire, l’ambulance rouge, le Magic Bus, sont des traces, parfois anciennes, des nombreuses actions menées.
A chaque séjour, plus ou moins long depuis 1981, les Rétais ont résidé au coeur même du village.
La proximité, dans le quotidien, est un atout certain, qui fait la différence et la spécificité.
Cette année, nous étions quatre. René Chaussin, le président, en est à son énième séjour, il ne sait pas dire le nombre exact. Non seulement il connaît bien le Burkina Faso, mais aussi les pays d’Afrique noire.
Pour Michel Caillaud, ancien capitaine de la caserne des pompiers d’Ars, c’est la première fois qu’il pose un pied sur le continent africain. Il est trésorier-adjoint de l’association.
Pour ma part, c’était la 5ème mission à laquelle je participais en dix ans, en tant que membre active. Nous sommes restés un mois à Arbollé.
Estelle Goumard, trésorière de l’association, nous a rejoint pour les quinze derniers jours du séjour. Elle était venue en 2015 en voyage touristique avec René Chaussin et Blandine Hulin, au moment de la saison des pluies.
Chacun peut vous raconter, à sa façon, comment ce séjour 2018 a été personnellement ressenti.
La mission de cette année avait deux objectifs prioritaires : renouer la relation, et faire construire des latrines pour une école d’un des villages de la commune d’Arbollé.
L’éducation est un domaine prioritaire. Face à la démographie galopante, le besoin de bâtiments de classes est criant.
Le 27 janvier 2018, après une longue grève, un protocole a été signé entre le gouvernement et les syndicats des enseignants. Il comporte, entre autres, un volet “Amélioration de l’accès à l’éducation – Construction et équipement d’infrastructures éducatives adéquates ”, inscrit dans un plan triennal. L’Etat construit peu à peu des écoles. Des ONG internationales apportent aussi leur aide. Les classes sous paillottes sont remplacées par des bâtiments en dur, mais il faut aussi que l’hygiène et l’assainissement suivent.
Avant notre départ au Burkina Faso, le maire d’Arbollé avait soumis à René Chaussin un projet à Yarbila, un village situé à une dizaine de kilomètres de Arbollé-centre, afin d’y construire des latrines pour l’école. L’établissement a été construit en 2010. Environ 200 enfants y sont scolarisés, une quarantaine par classe, du CP1 au CM2.
Boukaré Sawadogo, jeune élu du conseil municipal, a soigneusement préparé un dossier complet de présentation des futures réalisations, et leur coût : 3 813 000 CFA (5900 €).
Au cours du séjour, nous avons pu suivre la réalisation des six latrines, en deux blocs sanitaires. Le sol rouge en latérite est épouvantablement dur. Les ouvriers creusent, nuit et jour, avec des piochons. Dans la journée, le soleil tape fort.
Mais quelle joie, quand les premières fondations sortent de terre ! Les latrines ont été terminées une semaine après notre retour en France.
Les recettes (les fonds apportés par Les Amis d’Arbollé) et les dépenses (les travaux engagés) de ce projet sont soigneusement enregistrées sur un tableau Excel par Paul Ouedraogo, jeune comptable de la mairie d’Arbollé. Il suit le dossier pas à pas, au quotidien, du point de vue administratif. Lorsqu’il compte les billets que René Chaussin lui remet, il ferme à double tour les portes de son bureau !
De plus, il s’avère être un formidable geek. Sans lui, je n’aurais jamais pu me sortir des affres de la connexion internet dans la brousse. Un énorme merci Paul, toujours cool mais déterminé.
Il y a près 40 ans, une classe de l’école d’Ars a entretenu une relation épistolaire avec une classe d’Arbollé. Les Rétais qui ont correspondu avec leurs copains africains s’en souviennent avec émotion. A l’occasion de la mission 2018, Les Amis d’Arbollé ont cherché à renouer de tels liens, dans le cadre du projet pédagogique mené par le RPI (Regroupement Pédagogique Intercommunal) Ars-Loix, intitulé :
Ce projet fait suite à “ Je, tu, îles… ” de l’année dernière. Il a été monté collectivement par les enseignants d’Ars, Sophie Couderc, Maryline Girard, Aurélien Lamy, Christine Millet, et pour Loix par Christelle Houin.
Depuis le début de l’année, les petits Rétais sont baignés dans la vie africaine. Avec Ablaye, intervenant extérieur sénégalais, ils apprennent à faire des percussions, des chants, des danses et à écouter des contes. Les plus grands préparent des exposés sur les pays du continent africain.
Avant le départ de l’île de Ré, nous sommes allés photographier et filmer les petits Arsais et les petits Loidais, avec pour perspective de les montrer aux équipes enseignantes et aux enfants d’Arbollé. Qui sont les classes qui vont correspondre avec eux, et le quotidien des écoles ? Il faisait froid, à la récré les enfants étaient emmitouflés dans leurs vêtements.
A Ars, l’école primaire est à double niveau. 89 enfants sont scolarisés en CM1-CM2, CE1-CE2, CP-CE1 + la grande section de maternelle. A Loix, la maternelle, petite et moyenne sections, comporte 26 élèves.
Pirouette, la mascotte de l’école d’Ars faisait elle aussi partie du voyage. Les enfants ont accepté de la confier. Avec pour consigne d’être en prise en photo, et de la rapporter à bon port ! 
Le protocole signé en janvier 2018 par le gouvernement burkinabè précise les effectifs maximum à atteindre dans les classes “ en tenant compte des normes internationales ” : 50 élèves au primaire, 70 élèves au post-primaire, et 60 élèves au secondaire.
A Arbollé, les effectifs actuels sont encore bien supérieurs. Un exemple : à l’école A, ils sont 157 élèves en cours élémentaire, répartis dans deux classes. CE1 = 81 et CE2 = 76.
Sur place, en accord avec le Naaba Koom, responsable de la Commission Education de la commune, trois écoles ont été choisies pour mettre en place la correspondance.
Arbollé-Centre comporte deux écoles primaires, 814 élèves au total. Et une école maternelle de 38 élèves.
Nous avons tourné des films et pris plein de photos pour montrer aux petits Rétais la vie de leurs copains burkinabè. La température n’est pas du tout la même. Il fait un soleil de plomb, 40° !
L’idée de correspondances inter-classes séduit immédiatement les autorités locales, les directeurs, les enseignants et les enfants.
L’Ecole Arbollé-Centre A se compose de six classes : CP1-CP2-CE1-CE2-CM1-CM2. Un directeur et sept enseignant(e)s – 458 élèves.
L’école Maurice Baudon, située tout à-côté, a été construite pour délester l’école Centre A. Toutefois les parents peuvent choisir l’établissement pour leurs enfants. Elle se compose de six classes : CP1-CP2-CE1-CE2-CM1-CM2. Un directeur et dix enseignantes- 356 élèves. Les institutrices officient pour la plupart par deux, dans chaque classe.
Dans la cour, le gong de l’école est une jante de voiture. En Afrique, on recycle !
L’école maternelle est encore récente. En 2014, c’était une pouponnière. Aujourd’hui, elle comporte petite, moyenne et grande sections. Un directeur-éducateur et un éducateur, une auxiliaire d’éducation et une cuisinière encadrent 38 enfants. A la prochaine rentrée, les effectifs devraient être doublés.
Les enseignants de la maternelle d’Arbollé ont adoré découvrir les premiers envois de leurs correspondants de Loix, emportés dans nos bagages. Du haut de leur 3 ou 4 ans, les petits se choisissent spontanément des amis.
48 heures après, ils ont déjà préparé des livrets identiques, remplis de graines du pays que nous devions rapporter aux copains Rétais. Attention, le document est à manipuler avec précaution !
Comment entretenir une correspondance à distance ? Par internet, ce n’est pas possible. Par la poste, des contraintes doivent être surmontées. En pleine brousse, il n’y a pas de facteur, pas d’adresse, pas de nom de rues. Il faut donc trouver un destinataire dans la commune qui dispose d’une boîte postale, payante, lequel se chargera de distribuer le courrier.
Acheter des enveloppes et des timbres est une autre difficulté. Il faut aller à Yako, à la ville la plus proche, à 30 kms d’Arbollé. L’essence pour y aller coûte cher, ou bien il faut prendre le taxi brousse ou le car. Un timbre coûte 690 CFA, soit 1 €. Une fortune. Un euro permet de nourrir une famille nombreuse de la brousse pendant une journée. Les écoles n’ont pas ces moyens.
Les Amis d’Arbollé ont écrit et affranchit deux enveloppes pour chaque classe. Le directeur de l’école Maurice Baudon, qui réside à Yako, se chargera de les emporter à la poste. Le courrier met plus d’un mois pour arriver à destination. Ce n’est donc pas tout à fait tout de suite que les lettres arriveront à bon port. Mais côté burkinabè, comme côté français, tout le monde est impatient d’en recevoir. Il suffit d’un peu d’organisation et d’une grosse dose de motivation.
“ Pananayé ” disent les Burkinabé, pour dire “ C’est pas facile”. Mais ils rajoutent toujours “ Yelkabé ” qui signifie “ Pas de problème ”. 
Le 3 mai 2017, un container de 76 m3 avait été envoyé. Il est arrivé à bon port, début septembre, au bout d’un long périple, et de nombreuses péripéties de dédouanement à Ouagadougou. Une liste d’une quinzaine d’associations destinataires de son contenu avait été dressée en amont, validée par le conseil municipal d’Arbollé.
Le séjour est l’occasion de faire le point avec ces associations. Et d’évaluer l’adéquation aux besoins de la population. Telle celles des personnes âgées, des handicapés et des veuves.
Un pétrin, destiné au boulanger de la commune avait été aussi expédié. “ Lorsque nous l’avons reçu, nous avons dansé autour ! ” témoignent gaiement ceux qui l’ont arriver.
Le boulanger emploie une dizaine de jeunes gens. Il a déjà formé de nombreux apprentis, partis voler ensuite de leurs propres ailes. Le pétrin fait incontestablement gagner du temps à toute l’équipe. Les pains, cuits au four chauffé au bois, sont une pure merveille dorée et croustillante. Avec ça, le petit déjeuner est assuré.
Assister au premier match de foot du tournoi inter-lycées, organisé comme chaque année par AMS (Association Monde Solidarité), est un grand moment. Au stade, qui est en fait la cour des écoles primaires d’Arbollé-Centre, c’est la liesse : l’équipe de Boulkon gagne après une séance de tirs au but contre celle de Zôgbèga.
A l’issue du match, de grands sourires remercient René Chaussin pour le cadeau de deux ballons, forts utiles pour la suite du tournoi.
En début d’année 2018, en accord avec l’équipe municipale, une nouvelle association de jeunes s’est créée. Au Burkina Faso, le mot jeunes n’a pas la même signification que chez nous. Il désigne les jeunes adultes, entre 18 et 40 ans.
Dans cette association, chacun des 48 villages de la commune est représenté par six jeunes, soit au total 288 membres. Ils ont plein d’idées pour améliorer le quotidien de la commune : reboisement et plantations fruitières, nettoyage des abords des CSPS (Centres de santé et de Promotion Sociale), des marchés et des écoles, sensibilisation de la population à l’hygiène, organisation de compétitions sportives, implantation d’une pépinière avec l’appui des Eaux et Forêts, journées culturelles…
Ils ont déjà construit des ralentisseurs en terre pour limiter la vitesse de circulation dans le village. Les limites des voies communales se repèrent difficilement, les accidents de mobylette sont nombreux dans les ornières.
Au cours du séjour, ils sont venus nous visiter plusieurs fois et nous les avons vus en pleine réunion de projets.
Eux aussi ont eu droit à un ballon de foot pour le tournoi de la fête organisée à Kaba, autre village qui fait partie de la commune. Les bonnets confectionnés par les mamies tricoteuses de l’île de Ré, emportés dans nos bagages, leur ont fait grand plaisir.
A la petite école de couture de Arbollé-Centre, ils sont six élèves âgés de 14 à 24 ans, dont un garçon. Via le container, l’école a reçu des machines à coudre et toutes sortes de fournitures : aiguilles, boutons, fils, fermetures-éclair, tissus.
Sur place nous avons fait confectionner des sacs. Des tissus en pagne ont été achetés au marché, et les doublures chez un commerçant de Mia. L’école a été rémunérée pour sa prestation, permettant ainsi le fonctionnement de quelques mois de l’établissement de formation professionnelle.
Ces jolis sacs, confectionnés par Michel, le couturier de l’école, seront vendus lors des manifestations rétaises auxquelles les Amis d’Arbollé vont prochainement participer à l’île de Ré. Et les bénéfices de ces ventes repartiront dans la cagnotte de l’association, au profit de la commune.
Pabéouindé Ouedraogo est, depuis le 1er juin 2017, le nouveau Préfet d’Arbollé. Il confirme qu’un recensement aura bien lieu dans les deux années qui viennent. Nous saurons alors enfin quel est le chiffre exact de la population d’Arbollé.
Les femmes de l’association ALFA transforment les graines de karité en beurre. Et les graines de neem et de balanite deviennent des huiles, dont les bienfaits pour la peau sont démontrées.
Nos bagages du retour ont été chargés de ces produits 100 % naturels. Ils pourront être acquis lors des ventes organisées par l’association.
Dans le magasin de l’atelier du karité, René Chaussin et Michel Caillaud se sont lancés dans la construction d’une étagère de rangement. La scie ne coupe pas. Qu’importe. Un peu de beurre de karité pour graisser les dents, et hop, ça marche. Dans les planches, une surprise : des fourmis ont fait leur nid au creux d’un noeud du bois. La scie perd ses boulons, les murs ne sont pas droits et on ne peut pas y planter de clous, il faut bien une matinée pour achever l’installation.
Denise Naballoum, présidente de ALFA, apprécie d’avoir enfin un vrai espace pour poser les produits et le matériel. Les hommes, après cette séance physique dans une chaleur de plomb, trouvent la Brakina, la bière locale, bien méritée. Les palabres, sous l’arbre à karité, ont du bon.
Un séjour dans la brousse d’Arbollé est riche de petits détails. Ils sont surtout de grands moments d’humanité et de partages.
Lors de la rencontre avec l’équipe du lycée départemental d’Arbollé-Centre, les doléances, comme ils disent, sont nombreuses : livres de français de lettres classiques, de philo, de maths, d’anglais, cartes de géographie du monde. Les ordinateurs manquent, ils permettraient d’avoir accès à la documentation. Le revêtement du plateau de sports, l’unique dans le village, est dans un état de délabrement avancé. Les enfants y jouent au volley, au hand, au basket et au foot. La visite sur place permet de constater, qu’un bon décapage du sol en béton et la réfection de la surface s’imposent.
Toutefois, les dirigeants et enseignants, 37 + 9 personnels de soutien scolaire, ne perdent jamais le sourire et la foi en leur métier.
1250 élèves sont scolarisés dans l’établissement, de la 6ème à la Terminale. En dépit des difficultés de la vie quotidienne, la réussite au bac est de 50 %. Une gageure. La scolarité coûte 16 000 CFA/an, soit 24 €. Peu d’élèves sont parrainés, les familles se serrent la ceinture pour envoyer leurs enfants à l’école.
Par un concours de circonstances, le proviseur du lycée Saint-Grégoire, Sylvain Soumpdougou, m’a demandé d’animer un atelier journalisme pour sept jeunes, de la 3ème à la Terminale. L’attention et la gravité de ces jeunes m’impressionne.
48 heures plus tard, ils ont déjà réfléchi au numéro 0 de leur journal interne. Ils l’ont intitulé “ Le Réveil grégorien ”. Ils ont défini leurs articles, les brèves et comment il sera illustré. Une semaine plus tard, alors que nous étions rentrés chez nous, le journal est sorti. Quelle énergie ! Bravo !
Les articles écrits sont variés et très intéressants. Des sujets leur tiennent à coeur : le fonctionnement du lycée, la sexualité en milieu scolaire, sport, culture, devinette, faits divers. Et des faits de société qu’ils appellent le rakiré ou parentéa plaisanterie.
Du 29 au 31 mars, trois de ces élèves, munis de leur première publication, sont allés en formation au Centre National de Presse Norbert Zongo, à Ouagadougou, pour participer à une session de formation sur la présentation et le montage de journaux scolaires. Ils ont déjà appris à créer une page Facebook et un blog.
Parmi eux, peut-être de futurs journalistes ?
Toutes les écoles nous ont fait part de leur besoin en table-bancs. Ainsi les élèves ne devraient plus partager à quatre leur espace de travail. La commune s’en équipe régulièrement, mais les demandes sont plus importantes que l’offre.
Assister à la pesée des bébés et la vaccination à la maternité est toujours un moment émouvant. Le jeudi, il y a du monde sous le hangar en plein air.
Les équipes du CSPS sont un peu débordées. Chaque mois, les infirmières assurent entre 1800 et 2000 consultations.
Le médecin, Basile Bado, en poste depuis trois mois, consulte trois jours par semaine. Accompagné du Major, Seidou Tao, ils nous font part de leurs besoins en équipement : des latrines pour le CMA, il n’y en a ni pour les accompagnants, ni pour le personnel, des lits d’hospitalisation car le matériel est très vétuste, des tensiomètres qui marchent. Et pour le dispensaire, une table d’examen, “ celle en cours est un peu foutue ” disent-ils.
Quant à la maternité, des boîtes d’accouchement (ciseaux, pinces) et une autre table d’accouchement seraient les bienvenus.
L’ambulance et le Magic Bus, apportés sur place il y a quelques années, sont en panne, alors qu’ils avaient une grande utilité dans le village. La stupéfaction de découvrir l’abri vide de l’ambulance est grande. La courroie de distribution est cassée, le moteur endommagé. Les recherches d’un nouveau moteur, même faites au Ghana, se sont révélées infructueuses. Il va falloir se creuser la tête pour trouver une solution.
Une heure de cours de mooré pour apprendre à balbutier quelques mots dans la langue locale, c’est déjà avoir la tête farcie. Patrice, ami et professeur improvisé, est patient et très calme. Les sons, assez gutturaux, sortent de la gorge et de la tête. Pas facile de prononcer des mots, où les w, g, p et les doubles voyelles sont partout.
Bon appétit se dit : Wênayika laafi !
Le 24 février, une pluie diluvienne s’abat sur le village. Une aubaine par ces temps de chaleur intense. De mémoire de vieux Burkinabè, on n’avait jamais vu ça à cette époque de l’année ! Le changement climatique est vraiment partout dans le monde. Les voies sont inondées. La terre très sèche n’arrive pas à absorber toute cette eau. Huit jours plus tard, des flaques subsistent encore malgré le soleil revenu.
Quand il pleut au Burkina, personne ne se plaint, personne ne fait la tête. Contrairement à ce que beaucoup pensent chez nous, en Afrique la pluie est un bienfait du ciel.
A Guié, à une centaine de kilomètres d’Arbollé, la ferme pilote de l’association Terre Verte de Henri Girard est un modèle à suivre, tant du point de vue environnemental que du point de vue économique. Là, la sécheresse n’est pas une fatalité.
Nous avons pu constater, en revenant la visiter quatre années plus tard avec notre ami Félix, cultivateur à Arbollé, que lorsque la volonté est affirmée de reboiser et de retenir l’eau dans les espaces bocagers, ça marche.
Le contact avec Kady Traoré, Responsable des Projets Afrique de la Fondation l’Occitane, à Ouagadougou, est aussi un plus pour faire se rencontrer les acteurs des métiers du karité. Merci aux amis Portingalais qui ont permis cette intéressante entrevue.
Le soir, on peut maintenant se distraire à Arbollé. Des concerts sont régulièrement organisés. Nous avons eu droit à Wendy, véritable star nationale et à un concours du meilleur danseur à Mia.
Malgré les efforts du gouvernement pour lutter contre l’utilisation des sacs plastique, et en dépit d’un vote de loi, les sachets noirs et les emballages jonchent les sols du Burkina Faso. Partout ! Arbollé n’y échappe malheureusement pas.
Pourtant occasionnellement, et bénévolement, les femmes balaient les rues. Mais dès que l’harmattan souffle, terrible vent du nord-est, c’est fichu ! A Arbollé, il n’y a encore ni poubelles ni ramassage des ordures.
Il faudra sans doute des années, pour que la population prenne conscience de la dangerosité sanitaire, mais ça vient. Pendant tout notre séjour, nous avons systématiquement refusé ces sachets, en utilisant un sac pour aller au marché.
Les paysages sont vraiment magnifiques quand, par bonheur, il n’y a de pas sachets à l’horizon.
Un mois à Arbollé, ça passe à une vitesse folle. Pourtant les journées sont longues : du matin 6 h au soir 23 heures. Mais vous l’aurez compris, elles sont denses et passionnantes, en plein coeur de la vie dans la brousse.
Pour faire rentrer quelques euros dans la cagnotte, Les Amis d’Arbollé monteront leur stand de vente d’artisanat burkinabè :
- Samedi 21 et dimanche 22 avril, au Salon de l’habitat et de la décoration, dans la salle polyvalente de Saint-Clément des Baleines.
- Dimanche 22 avril, au vide-greniers enfant de l’APE d’Ars, dans la salle des Fêtes d’Ars-en-Ré.
- Vendredi 1er juin, à la fête de l’école d’Ars.
- Les dimanches 15 juillet et 19 août, sur le parvis de l’église d’Ars
Par ailleurs, cet été, le stock dans l’ancienne salle des sports fera l’objet de ventes. Les dates ne sont pas encore définies. Et mardi 7 août, loto dans la salle des Fêtes d’Ars.
Si vous en avez envie d’en savoir plus, René et Flavie Chaussin seront ravis de vous faire partager leur vécu quotidien, au profit des Amis d’Arbollé. Tel : 05 46 29 22 94.
A bientôt pour d’autres nouvelles des Amis d’Arbollé. Bilfou ! comme on dit là-bas.