Oh ! voilà une restauration particulièrement soignée d’un site emblématique de l’île de Ré. Le sol du Canot de Sauvetage, à Saint-Clément des Baleines vient de se refaire une beauté.
Ce site a connu bien des histoires, malheureusement pas toutes positives, depuis qu’en 1869 les sauveteurs de la paroisse de Saint-Clément ont reçu leur premier canot de sauvetage.
Le site appartient à la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer). Fin 2014, le grand bâtiment a été restauré. Une convention avait alors été signée entre la commune de Saint-Clément et l’Etat. Charge à la commune d’entretenir le bâtiment, d’assurer sa gestion et sa mise en valeur. Le sol notamment devait être rénové par la collectivité locale.
Ce chantier patrimonial a bien évidemment fait l’objet d’un accord et d’un suivi de l’ABF (Architecte des Bâtiments de France) et de la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement).
La restauration des sols a été confiée aux Compagnons Réunis. Ce sont eux qui ont oeuvré à la restauration de l’église d’Ars-en-Ré de 2017 à 2020
Et qui dit restauration dit souvent belles surprises exhumées. Ce fut encore le cas lors de ce chantier.
A la fin du XIXe siècle il n’y avait qu’un chemin de sable pour accéder au lieu. Ensuite une route a été goudronnée. Comme elle était un peu plus haute, le sol du Canot de Sauvetage avait alors été remblayé avec des gravats et toutes sortes de matériaux. Le sol initial a alors été enfoui.
J’ai retrouvé une photo que j’avais prise en décembre 2019. Il y a des cailloux partout. Lorsque la mer cogne à cet endroit, et cela arrive souvent, le vent et les vagues projettent d’énormes galets et l’eau remonte parfois même jusqu’à l’entrée du site. Le sol était en terre dense.
Christophe Penot, adjoint en charge du Patrimoine à Saint-Clément, a suivi les travaux.
» Nous ne disposions pas d’informations précises sur comment était le sol à l’origine de la construction. Même sur les cartes postales anciennes ne le montre pas. Tout au long du chantier il a fallu s’adapter, au fur et à mesure des découvertes. En procédant au décaissement, les Compagnons Réunis ne savaient donc pas ce qu’ils allaient trouver en dessous. Plusieurs morceaux de granit étaient un peu visibles à l’entrée du site, mais sans plus » raconte-t-il.
Effectivement ce qu’on appelle les bordures de trottoir, sur toute leur longueur, et de chaque côté, se sont révélées en bon état. De même la ligne centrale des pierres de granit était saine. Une très bonne nouvelle !
« En fait le canot était poussé au moyen d’un chariot à trois roues. Ces fameuses bordures servaient vraisemblablement de guides dans lesquelles les grosses roues de la remorque étaient glissées. Et sur la ligne du milieu, la petite roue supportait le poids arrière du canot » poursuit Christophe Penot.
Une carte postale ancienne montre d’ailleurs bien comment le canot était supporté par cette sorte de grand tricycle. Merci à André Diedrich pour avoir confié pour le blog cette image de sa collection personnelle.
Maintenant que le chantier est terminé on comprend aisément comment tout cela fonctionnait lorsque le chariot du canot cheminait dans l’enceinte.
Les pierres de granit conservées sont belles, certaines ont dû être redressées et remises en place. Pour garnir le sol et les bas-côtés l’ABF a proposé un modèle de pavés anciens, qui s’harmonisent élégamment avec la structure et la couleur du bâtiment. Mais cela n’était sans doute pas ainsi à l’origine.
Afin de rattraper le niveau de la route côté entrée et le niveau sortie mer le sol a été un peu rehaussé à chaque extrémité. Des sorties pour l’évacuation de l’eau ont été créées de part et d’autre de l’entrée du site.
Il est quasiment impossible de tenir debout à l’intérieur du bâtiment lorsque le vent souffle et cela peut même être dangereux en raison de la projection de pierres et de gros galets. Jadis, on imagine bien ce que les sauveteurs en mer ont enduré pour aller sauver les autres.
Afin de sécuriser le chantier un rideau de planches de bois a été installé côté mer. Dans les prochaines semaines il va disparaître, au profit d’un batardeau en aluminium. Il sera à disposition de l’équipe municipale, prêt à être installé sur le seuil en calcaire blanc qui vient d’être spécialement construit. En cas de tempête ou de gros coups de vent, le site et les promeneurs seront protégés.
Ce gros chantier a duré un peu plus d’un mois. Il en coûte à la commune 28 900 €, elle bénéficie d’une subvention du Conseil départemental de 3 200 €.
Et depuis un mois, le chantier est en cours de séchage.
Un panneau en lave émaillé, situé sur la gauche de l’édifice a été posé. Conçu et réalisé par le service patrimoine de la Communauté de Communes et par l’équipe de Saint-Clément, il raconte le passé chargé d’histoires de naufrages de ce lieu mythique.
Voici quelques photos, toujours issues de la collection d’André Diedrich, qui rappellent l’importance patrimoniale du Canot de Sauvetage Saint-Clément.
La station a été fermée en 1940. Le dernier canot l’Armand Forquerot a été remisé puis il a été vendu à la démolition.
Merci pour votre reportage, qui comme toujours nous raconte l’histoire des gens et lieux qui nous entourent. C’est intéressant, amusant, passionnant, comme d’habitude, et j’attends avec impatience les alertes des nouveaux articles des « chroniques ordinaires des petits moments de la vie rétaise ».
Bravo à la Mairie de Saint-Clément, et à Christophe Penot en particulier, pour avoir mené à bien ce beau chantier. Merci à la rédactrice de cet article, particulièrement apprécié par ceux qui aiment l’ile, et en sont absent actuellement.