Nono

Honoré Gautier s’en est allé il y a deux mois, c’était le 6 janvier 2021. Pour nous tous, il était tout simplement Nono. Nono de l’île de Ré, Nono de la Flotte, Nono immense marin. Lorsque vous le croisiez, il avait toujours pour vous une parole gentille ou malicieuse.

Honoré Gautier - Photo collection personnelle Corinne Gautier

Lors de ces obsèques Denis Chatin s’est adressé à son ami, son frère. Mille mercis à Denis de m’avoir avoir confié ce vibrant et émouvant message pour le blog.

Nono ! Honoré ! Nono ?

Nono ? Mon Nono où es tu ? Fi d’garce !  Ouais tu ?
Ah, c’est vrai… C’est vrai qu’t’le voyage maintenant…

Honoré,  ce prénom si particulier qui te collait à la peau et que tu prononçais avec fierté chaque fois qu’on te présentait quelqu’un. Tu répondais : «Très Honoré… ». Qu’est c’tu nous a fait rire avec ça…. 

Le rire c’est bien ton deuxième métier, hein ? 

Les vannes, les anecdotes, les p’tites histoires ça fusait du matin au soir, avec ton accent charentais inégalable, toi le Slave qui parlait le Rétais mieux que quiconque pour nous raconter les histoires de clocher. 

Des virées on en a bouffé. Nos convois de bateaux encombraient toutes les routes de la Bretagne à Arcachon en passant par la Baule. Tous ces plans d’eau sur lesquels à coup de Dragon ou de Tofinou tu allais chercher les podiums. 

Je me souviens de ce fou rire à Arcachon où par 35 degrés tu me gouttais dessus alors que nous mâtions pour la énième fois nos bateaux. Toi en haut du quai à tenir la barre de flèche, moi en pied de mât pour frapper les ridoirs sous le torrent de ta sueur, tu disais : « Hey copain, ho ! Ho Ho ! Regarde moi ! Fi d’garce ! On n’a pas des loisirs faciles hein? ». 

C’est pas le soleil qui a buriné nos visages, ce sont tes rires.. 

Ton premier métier c’était quoi ? La menuiserie ? dans laquelle tu faisais des merveilles avec tes doigts en or. Ou ce fameux loisir de la régate dans lequel tu flirtais avec l’excellence ?
Tes yeux bridés couleur du ciel ne lâchaient les pennons que pour analyser furtivement le plan d’eau afin de t’assurer que tu menais la danse. D’ailleurs, l’obsession de ces pennons t’ont valu une double victoire car ils t’ont fait aussi gagner le record du Guinness pour tes coups de soleil mémorables. A force de ne regarder que le haut de ton foc tu débarquais sur le ponton cramoisi rouge pivoine mais la coupe à la main.

Honoré Gautier - Photo collection personnelle Corinne Gautier

Ton premier métier c’était quoi ? Je ne saurais dire. T’étais le meilleur en tout. 

Je ne saurais dire. Mais ce qui t’animait par dessus tout c’était d’offrir ton coeur et ton affection à ta famille et tes amis avec ta joie de vivre et ton humour permanent. 

Il y a quelques années, un paquet déjà, quand on s’est croisés comme chaque matin au café chez Manu je t’avais demandé si tu viendrais l’après midi à l’enterrement du Père Dédé. Tu m’avais répondu: «Bah ! Denis… Pourquoi j’irai à son enterrement puisqu’y viendra pas au mien ». On pouvait rire de tout dans tes yeux pleins de malice. 

Ben nous tu vois on est venu au tien, tu nous as surpris mon Nono, ben oui ! T’as mordu la ligne ou quoi pour prendre une telle avance ? T’as grillé une bouée? C’est pourtant pas ton genre. Le vent a adonné ? 

Oui c’est ça sans doute, le vent a adonné et t’as lofé avant nous, malin ! Comme d’hab… Mais on aurait préféré que tu restes à la traîne pour une fois. 

Mais bon, c’est comme ça Nono, et comme on sait que ton Laurent est en union avec toi, Marie-Anne, Corine, Jef, leurs enfants, et tous ceux qui t’aiment et ne t’oublieront pas, alors on est venu au tien, même pas peur ! Parce qu’on sait que tu viendras aux nôtres par la pensée, par ta présence, et que tu viendras nous embarquer pour nous guider vers les plans d’eau du grand bleu

A ce propos, t’as pas le droit de t’entraîner là haut avant qu’on t’y retrouve dans le même équipage. T’as pas l’droit d’t’entrainer, t’es déjà assez bon comme ça. 

Salut Champion du monde des bateaux et du rire. Salut notre Maître du vent. Merci de nous avoir appris. Salut Max Sea Blue.

On t’aime ! Denis Chatin.

Nono a gagné une bonne dizaine de régates de la Blue Wind Cup, organisée dans le cadre du CNAR (Cercle Nautique d’Ars-en-Ré) par Francis Dumoulin. La première c’était en 1989. En 2009, lors de la vingtième édition il était encore une fois sur le podium.

A la remise de la coupe et des récompenses, Francis Dumoulin avait coutume de dire, en rigolant, qu’avec toutes ses victoires Nono pourrait monter un magasin de cycles !

A la question : « Comment fais-tu pour toujours gagner ? » Nono avouait tout simplement : « Je connais par coeur les courants du Fier » ! Ces jours de régates il barrait son fidèle Max Sea Blue, il remontait au plus près des digues en laissant sur place ses adversaires régatiers bouche bée. Mais un marin n’avoue jamais tous ses secrets…

Merci Corinne, sa « fifille », d’avoir partagé pour nous son album de photos personnelles !

Une réflexion sur « Nono »

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