Quasiment dix ans après la tempête Xynthia, les préparatifs du chantier de défense contre la mer ont débuté cette semaine à La Couarde-sur-Mer.
D’expérience, nous savons tous qu’entre l’intention de construire une digue et la voir finie, ça prend un certain temps ! Il faut se rendre à l’évidence les délais administratifs sont complexes. Commission des sites, diagnostic, avant-projet, projet, études de danger, incidence faune et flore, étude d’impact, dossier Natura 2000, Loi sur l’Eau, déclaration d’intérêt général, enquête publique, les études sont nombreuses.
Et pendant ce temps beaucoup s’impatientent en trouvant que les délais sont affreusement longs. Soeur Anne… ne vois-tu rien venir ?

Lors de la tempête Xynthia, 438 maisons sont sinistrées à La Couarde.
Pour La Couarde l’Etat a validé un système d’endiguement dit de « premier rang ». Ce qui signifie une protection au plus près du littoral. L’arrêté préfectoral a été signé le 31 août 2018. La reconstruction s’inscrit dans le PAPI 1 (Programme d’Actions de Prévention des Inondations) de l’île de Ré.
Ce nouveau dispositif anti-submersion a pour but de protéger le bourg de La Couarde et ses habitants, les zones d’exploitations ostréicoles avec également leurs habitations, ainsi que la zone de marais à l’arrière des digues.
Le village, proprement dit, est situé côté Sud. Il est situé entre la dune de l’océan et la Fosse de Loix. Entre les deux côtes, il est un peu en contre-bas.
La digue longe la Fosse de Loix. Elle se situe sur la zone de marais, au Nord de la commune. Elle démarre à l’Ouest depuis le marais de la Percotte jusqu’au lieu-dit la Moulinatte, à l’Est. Au centre de la zone de marais se trouve le petit port de plaisance du Goisil et la station d’épuration.

Le projet consiste à réparer et à conforter les digues et les levées présentes sur la bordure littorale, côté Fosse de Loix. Certaines étaient déjà abîmées avant le passage de Xynthia, la tempête n’a rien arrangé. Dans l’urgence, des travaux de confortement avaient été entrepris, sur plusieurs sites en bord de mer.

L’enquête publique de juillet 2016 indique la nature des travaux :
- Rehausse des digues littorales à + 4,80 m N.G.F minimum et renforcerment par enrochements des talus avant et/ou de la crête.
- Rehausse des rives du port, du chenal du Goisil et de la plage de la Charge Neuve par la mise en œuvre de palplanche ou de merlon de terre à la cote de + 4,80 m N.G.F.
- Construction d’un mur en béton au lieu-dit La Moulinatte à la cote de + 5,00 m N.G.F.
- Reprise des prises d’eau existantes et installation de portillons étanches.
Rappelons-nous que toute nouvelle digue est dimensionnée pour un événement Xynthia + 20.

La digue de La Couarde sera, à ce jour, la plus longue réhabilitée à l’île de Ré : 5,575 km.
Elle comporte six secteurs :
- Chemin des Prises (625 m)
- Digue levée de Percotte (1 367 m)
- Le Goisil (1 443 m)
- Digue de la plage de la Charge Neuve (200 m)
- Digue levée du Goisil à la Moulinatte (1 870 m)
- Digue de la Moulinatte (70m)

Les six secteurs sont découpés en dix tronçons homogènes :

Pour chaque tronçon, les travaux sont de nature différente, ainsi que l’indique la légende du schéma.

Tronçon 1 : Entre les marais de Dieppe et de la Percotte.
Il démarre du parapet de la piste cyclable côté Loix. Les perrés et murs de garde en béton existants seront démolis. Ils seront remplacés par un talus en enrochements granitiques et d’une berme en tête de 1,50 m de large. Une « berme » est une plateforme horizontale coupant le talus pour éviter qu’il ne s’éboule.

Tronçon 2 : Digue de protection des marais de la Percotte
Des enrochements s’appuieront sur les débris de constructions et d’enrochements existants, avec remblai étanche en arrière de la berme afin d’assurer la cote d’étanchéité.
A l’arrière une piste d’entretien sera créée, d’une largeur minimale de 2,50 mètres, pour permettre le passage des engins d’entretien.

- Tronçon 3 : Digue de protection de la prise de l’Ardoise
- Tronçon 4 : Digue de protection du bassin du Goisil
- Tronçon 5 : Plage de la Charge Neuve, à l’avant des marais du Goisil.


Quelques jours auparavant, des cages de gabions avaient été posées par les équipes de la Communauté de Communes. Quand bien même non autorisées par l’Etat, six ans après, les gabions sont toujours là !
Ils ont constitué une protection provisoire, haute et résistante. Les Couardais se sont sentis rassurés de les savoir là, les jours où les conditions climatiques se sont déchaînées.
Un rideau de palplanches sera réalisé sur les tronçons 3d, 3e et 4 (voir plan ci-dessus) à la cote 4,80 m N.G.F. Il sera habillé de bois. Les gabions devraient être retirés. Un temps il a été envisagé de les repositionner en avant des palplanches. Le seront-ils au final ?

Un merlon de terre et d’enrochements recouverts de sable ou de terre végétale sera édifié sur le tronçon 5, en prolongement du tronçon 4. Un merlon existe déjà sur une partie. Le talus sera renforcé à l’avant par une couche en enrochements granitiques, lesquels étant ensuite recouverts de sable afin de préserver l’aspect paysager. La piste cyclable sera rétablie en crête du merlon.

Quant à la plage de la Charge Neuve, qui longe la protection, elle restera accessible par la mise en place d’une rampe d’accès.

Pour le port lui-même, des fermetures, portillons étanches et batardeaux, sont prévus. Ils seront actionnés en cas d’alerte. Ces portails seront réalisés en acier et seront traités contre la corrosion.
Bien évidemment le maintien des accès aux routes, à la cale de mise à l’eau des bateaux et aux pontons sera maintenu.
24 septembre 2019. 24 septembre 2019. 24 septembre 2019. 24 septembre 2019.
Les aménagements à l’Est du Port du Goisil concernent les tronçons 6 à 10 :
- Tronçon 6 : Digue de protection des marais de la Torse.
- Tronçon 7 : Digue/perré de protection des marais de La Moulinatte.
- Tronçon 8 : Perré de protection des marais de la Prise de La Moulinatte.
- Tronçon 9 : Digue en avant des marais de la Prise de La Moulinatte
- Tronçon 10 : Mur maçonné au lieu-dit La Moulinatte.

C’est sur cette partie que le chantier se prépare ces derniers jours. Du Goisil à La Moulinatte la distance est de 1 940 mètres.
24 septembre 2019. 24 septembre 2019. 24 septembre 2019.
Cette première phase de travaux va durer jusqu’à fin mars 2020. A cette date, ils doivent s’arrêter momentanément car c’est le moment de nidification des oiseaux. Le site est classé Natura 2000.
Des ouvrages hydrauliques sont présents tout au long de l’estran. Ils alimentent les marais à l’arrière de la digue et les installations ostréicoles. Ils ont tous été identifiés et vérifiés. Il y en existe une trentaine. Certains ont des cadres bois, d’autres en béton. Ceux dégradés seront repris. Ceux obstrués seront débouchés.

Pendant la période de travaux la piste cyclable Saint-Martin-La Moulinatte-Goisil est inaccessible.
Depuis mi septembre et jusqu’à mi-octobre la canalisation d’eau potable est en réhabilitation à La Moulinatte. Ces travaux sont préalables à la reconstruction de la digue. Le Syndicat des Eaux les a confié à l’entreprise Colas.

Mi-septembre, des réunions de présentation se sont déroulées entre les professionnels et les riverains et les équipes techniques, afin d’ajuster le calendrier de travaux à leurs activités.
Dans les semaines à venir, 60 000 tonnes de granit et de diorite vont être acheminés depuis les carrières du continent. Nous n’avons pas fini de voir les ballets de camions sillonner la route départementale !
D’ores et déjà une des quatre zones de stockage des cailloux se prépare. Au lieu-dit Bournonville les engins sont à l’oeuvre pour décaper la zone.

Après appel d’offres, un marché a été passé par le Département, maître d’ouvrage, avec un Groupement d’entreprises de TP de Loire-atlantique : Charier et Lépine.
Le 24 septembre, jour J, première réunion de chantier. Ambiance studieuse…
La totalité de la protection de La Couarde devrait être terminée dans deux ans. Y compris les périodes d’interruption pour respecter le monde des oiseaux.
Le montant prévisionnel de la digue est de 4 700 000 € HT. Comme pour celles du PAPI 1 de l’île de Ré, les travaux sont financés par l’Etat (40 %), la Région (20 %), le Département (20 %) et la Communauté de Communes (20 %)
Il reste une digue complémentaire à finaliser. Elle se situe entre la digue de Dieppe et la RD735, en passant devant le camping des Prises. Elle nécessite une étude ad-hoc, pour tenir compte d’un risque de submersion venant du Fier d’Ars. L’ouvrage est imposé par l’Etat afin de verrouiller le système de protection de ce côté là. Les équipes de la Préfecture, du Département, de la CDC et de la commune de La Couarde, étudient actuellement sa réalisation.
La digue de La Couarde est la sixième reconstruite à l’île de Ré. Après celle du Boutillon à cheval sur Ars et La Couarde, la porte du port de La Flotte, la digue de Saint-Clément des Baleines, la digue de Loix et la digue de Rivedoux.
A bientôt pour le premier reportage sur le terrain, concernant celle de La Couarde.
Bonjour Maryline
bonjour et merci Maryline pour cet article très instructif
je suis personnellement très motivé par l avancement de cet ouvrage car la constructibilité de mon terrain a la couarde (brardes) en dépend.
sauriez vous faire une mise a jour de cet article post-covid ?
le planning a certainement pris du plomb dans l’aile
si d’autres personnes sont dans ma situation je serai assez intéressé de les contacter
cordialement
Francois
Bonjour j’ai un article en préparation depuis mars à propos de la digue de La Couarde. Pendant la période de confinement je n’ai pas réussi à écrire, j’étais « bloquée » intellectuellement. Je suis allée la semaine dernière faire quelques photos pour réactualiser mes données, mais elles sont encore incomplètes. Patience, l’article va sortir bientôt ! amitiés maryline