Depuis le 28 février 2010, date de la tempête Xynthia, les Rivedousais avaient hâte de voir leur digue du Bourg reconstruite. Une fois les structures du chantier mises en place mi-septembre 2018, les travaux ont démarré.
Il y a plus de huit ans, Xynthia s’est déchaînée sur l’île de Ré, n’épargnant pas ce coin du village de Rivedoux.
L’enquête publique, menée en septembre-octobre 2017, indique : “ La force des vagues a provoqué des dégradations multiples sur les ouvrages de protection et sur certaines constructions situées immédiatement en arrière, provoquant plus de 1 million € de dégâts, sans que ne soient déplorés de dégâts en vie humaine ”.
Des commerces et des habitations en front de mer, l’école, ainsi que le parking ont été inondés. La mer a même traversé la route départementale. Des témoins en cuivre, incrustés dans les murs, attestent de la hauteur de l’eau atteinte.
En 2011 des enrochements avaient été réalisés, pour faire face à l’urgence. Mais ils s’avéraient insuffisants dans l’éventualité d’une autre submersion de même ampleur.
Comme pour tous les autres ouvrages de l’île de Ré (digue du Boutillon, porte du port de la Flotte, digue de Saint-Clément des Baleines, protection de Loix ) la construction de cette digue s’opère dans le cadre du PAPI (Programme d’Actions de Préventions des Inondations).
La digue de Rivedoux-Plage est ainsi la 5ème protection, mise en oeuvre à l’île de Ré depuis 2013.
Il aura fallu huit ans après Xynthia pour que les premières pelles arrivent sur le site. Les procédures sont longues, les dossiers administratifs sont nombreux et épais. D’autant que les projets de reconstruction doivent intégrer des enjeux environnementaux conséquents, entre autres : site classé et Natura 2000.
Les travaux de reconstruction sont évalués à 800 000 € HT. Ils sont financés par l’Etat pour 40 %, et par la Région, le Département et la Communauté de Communes, chacun à hauteur de 20 %. La maîtrise d’oeuvre et la maîtrise d’ouvrage sont assurées par le Département de la Charente-Maritime.
De quelle nature sont les travaux de Rivedoux-Plage ?
Aucun ouvrage de protection des côtes ne ressemble à l’autre. Lorsque j’écris ces mots, on pourrait penser à une Lapalissade ! Les techniques de travaux publics sont connues et éprouvées, mais à chaque projet, elles s’adaptent au site.
En découvrant le chantier, une chose me saute aux yeux : il est ramassé sur une longueur courte, d’un peu plus de 200 mètres, contrairement à ceux déjà réalisés à l’île de Ré.
L’accès au chantier est bien évidemment interdit. Le parking est provisoirement non accessible. Tout comme la piste cyclable et la promenade piétons, à l’arrière, entre la crèche Les Bigorneaux et le bar-restaurant La Chaloupe.
Voici un plan du chantier. Il commence à la jonction de la digue du Moulin, pour se terminer sur la petite plage.
Après un appel d’offres, le groupement Vinci-Laurière a remporté le marché de la reconstruction.
Il m’est expliqué que plusieurs techniques vont être ici mises en oeuvre. J’ai le sentiment que la digue de Rivedoux est comme un concentré des travaux des quatre digues précédemment reconstruites à l’île de Ré : mur et parapet en béton armé, palplanches, enrochements, ré-engraissement du cordon dunaire.
Le chantier est composé de trois secteurs distincts : à l’Ouest une digue maçonnée, une partie intermédiaire en enrochements, pour se terminer à l’Est par une dune.
La digue du Moulin n’est pas concernée par les travaux. Elle avait été reconstruite en 2009-2010, avant même la tempête. Elle a bien résisté à Xynthia, car elle était en très bon état. Deux escaliers permettent de descendre directement sur l’estran. Les accès peuvent être protégés par des batardeaux en cas d’alerte déclenchée par la Préfecture. Les batardeaux avait déjà été positionnés ici, suite à Xynthia.
Cette digue du Moulin présente un intérêt patrimonial, lié à l’histoire de la commune. L’ancien moulin à marées a donné son nom à la rue et à la digue. Lors de la reconstruction de la digue, l’arche de pierres, qui constituait l’entrée du passage qu’empruntait la marée pour alimenter la roue en énergie motrice, a été symbolisée sur l’ouvrage.
La digue du Bourg sera dans l’exact prolongement de celle du Moulin, alors qu’aujourd’hui cette dernière présente un coude. Les deux tronçons seront de mêmes principes constructifs. “ Perré en béton armé, revêtu d’un parement calcaire maçonné, buté en pied par un rideau parafouille en palplanches ” est-il écrit dans le dossier de l’enquête publique
Un muret-parapet courra d’un bout à l’autre de la digue. La tempête Xynthia est l’aléa de référence à partir duquel s’élaborent les projets de digues de l’île de Ré. La cote de crêtes de l’ouvrage correspond aux hauteurs d’eau atteintes lors de Xynthia, majorées de 20 cm, afin de prendre en compte les conséquences du réchauffement climatique.
Fin septembre, les premières interventions consistent à retirer les cailloux qui avaient provisoirement été positionnés après Xynthia.
De nouveau, on assiste au ballet des camions et des pelles.
Le chantier est à peine commencé, qu’il rencontre des aléas ! Pour autant, il n’est pas arrêté.
Fin septembre, les engins sont plutôt petits, car la grosse pelle à chenilles, qui devait être acheminée, ne peut pas passer sur le pont. Elle est trop lourde. En effet, les nouvelles mesures prises pour le passage en raison du câble du pont rompu obligent les responsables du chantier à trouver des solutions alternatives : engins et camions de taille plus modestes, ce qui implique plus d’allers et retours.
Pour le second tronçon de digue, l’ouvrage sera composé d’enrochements. Le stockage des gros cailloux n’a pas commencé, toujours pour les mêmes raisons de franchissement du pont.
Les grosses pierres de granit, venues du continent, seront sans doute acheminées par des petits camions. Sachant qu’une pierre, pèse de 1 à 3 tonnes, et que le poids maximum d’un camion pour passer le pont ne peut excéder 38 tonnes, faites le calcul du nombre d’allers et retours en petits camions…
A l’autre extrémité du chantier, côté petite plage, les travaux de terrassement ont commencé.
A terme, un rideau de palplanches sera enfoncé là. “ La dune devrait être reconstituée par des apports de sable, depuis la pointe de Sablanceaux, pour enfouir la protection en enrochements et redonner son caractère dunaire à ce secteur ” est-il écrit dans le dossier de l’enquête publique.
Nous n’en sommes pas encore là… cela fera l’objet d’un article ultérieur.
Un arrêté municipal est affiché. Il est daté du 13 septembre. Il indique la date des travaux : du lundi 17 septembre 2018 au vendredi 15 mars 2019.
Une semaine plus tard, le 4 octobre, la démolition de l’ancienne protection a déjà bien avancé, malgré les difficultés rencontrées. Avant de reconstruire, il faut tout casser.
Il fait beau, c’est déjà bien ! Le travail s’effectue rapidement.
Exit les vieilles installations qui passaient là.
Ce travail de déblaiement et de préparation des sols est bien évidemment long. Il y en avait des vieilles pierres ! Elles ont eu leur utilité, elles ont assuré une protection provisoire en attendant cette reconstruction.
Déjà les fondations du mur commencent à se mettre en place. En dépit des aléas, il n’y a pas de temps perdu.
Les petites pierres de granit posées au fond viennent du continent. Elles sont apportées par des semi-remorques qui les transvident dans de petits camions-bennes au Belvédère, avant de franchir le pont de l’île de Ré. Des bâches de géo-textile complètent le dispositif technique.
En vidéo, voici un résumé des travaux à venir et des travaux déjà engagés ces jours-ci.
Chaque semaine, une réunion de chantier prend place. Elle associe les différents intervenants : équipes techniques, Département, Communauté de Communes et l’équipe municipale de Rivedoux qui suit le sujet de près…. A l’ordre du jour : chantier d’aujourd’hui et anticipation pour la suite. Les sujets ne manquent pas.
4 octobre, grande nouvelle ! La grosse pelle à chenilles, tant attendue, va être livrée sur le chantier. Comment ? Puisqu’elle est très lourde et ne peut pas passer sur le pont… Une solution a été trouvée : elle arrive par la mer.
En début d’après-midi le bateau du Département, La Trézence, la largue au pied du pont, côté île de Ré.
Ouf ! elle est sur le chantier pour une quinzaine de jours. Une fois sa mission remplie, elle repartira de la même façon : par la mer.
A bientôt pour la suite du reportage.