Depuis six ans, il est un rendez-vous incontournable à Loix : la course d’escargots. Année après année, l’engouement ne faiblit pas. Bien au contraire.
Petit retour en arrière. L’idée de la course d’escargots a démarré en mai 2013 de façon inopinée, alors que la météo prévoyait une pluie battante le jour de la manifestation annuelle Fourchettes et Binettes.
Deux jours avant, ils étaient quelques-uns autour du maire, Lionel Quillet, à se demander quoi faire pour que la fête des plantes soit quand même sympa, et pour donner du moral aux troupes. “ Puisqu’il va pleuvoir, on n’a qu’à faire courir des escargots ! ”. Aussitôt dit, aussitôt fait, la balle est prise au bond. Banco ! La 1ère course a lieu le 19 mai 2013. Elle est improvisée sur une table. Une super ambiance.
La seconde année, l’équipe technique de la commune construit un cagouilloudrome pour que les petites bêtes puissent aisément glisser sur une vraie piste.
Le nombre de participants et de spectateurs grandit. Les entraîneurs d’escargots rivalisent alors en décorant les coquilles. Les parures sont plus originales les unes que les autres.
Le bouche-à-oreille fonctionne à fond, l’idée de la course d’escargots est inédite à l’île de Ré. Pour la troisième édition, deux pistes doivent être construites et installées sur la place de l’église pour que tous les prétendants au titre de champion puissent participer. C’est un peu la folie !
En 2016, la course ayant pris une dimension internationale, le nombre d’escargots inscrits bat un record. Il faut organiser deux courses successives pour que tous puissent concourir.
La 5ème édition confirme le succès. Le vétérinaire chargé du contrôle anti-dopage reste stoïque, malgré la foule. Les paris sont ouverts, la lutte est acharnée pour accéder au podium.
Cette année, 6ème édition. La municipalité de Loix, organisatrice de l’événement, décide de construire deux cagouillodromes supplémentaires, pour une unique épreuve. Voilà maintenant la place de l’église transformée en arène !
Il est à noter que cette manifestation est née un jour de pluie. Or, à part la première année, un chaud soleil est au rendez-vous pour les éditions suivantes.
Il faut déployer des feintes. Pour faire sortir les cornes des escargots, les pistes sont copieusement arrosées. Pour pousser son escargot à avancer, une feuille de salade s’avère être une bonne idée.
Cette année la plus petite cagouille pèse 1,5 gramme. La plus grosse est costaude : 14,5 grammes. Qui sera champion 2018 parmi les 73 compétiteurs ?
Les entraîneurs leur ont donné des noms, c’est obligatoire pour participer. L’imagination n’a pas de limites : Rider – Chtroupit – Ruben – Titine – Couki – Patrick – Salade – Rapido – Pink Lady – Snow – Sherlock Holmes – Bolt – Gugusse 2.0 – Hamilton – Gustave – Rapidosse – Happy ! – Triomphe – Emilie -Bounty – Usain Bolt – Paddington – Midvor – Dino – Enzo – Pierre – Tigre enragé – Stella – Turbo – Coco – Bi Turbo – Salomé – Tic et Tac (deux copains) – Cagouille – Rainbow – Dacia – Loan – La Presqu’île (du nom du restaurant de Loix) – Boumpap – Plume – Maëlle – Oscar – Rosalie – Loukoum – Rapide – L’Acrobate – Le Casanier – Two Fast – Intrépide – Bernard (escargot de Bianca) – M’Bappé – Gaspacho (champion 2017, il remet son titre en jeu) – Jojo – Kaye – Pupuce – 2008 – Coquille – Sonic – Bulle – Minou – Lucky – Flash – Forest – Jean-Pierre – Pâquerette – Saucisson – Bigorneau – – Marcel.
Certains escargots ont été trouvés dans le cimetière de Loix. Un bon spot où ils adorent se cacher et où leur tranquillité est assurée.
N’allez pas croire que seuls les enfants s’intéressent à cette histoire. Pas du tout ! Un groupe de quatre Loidais de la rue de l’Abbaye, adultes confirmés, inscrit quatre escargots de compétition, convaincus qu’ils ont entre les mains de la graine de champions. C’est leur première participation.
Ils ont été nommés TGV, TER, DSK et Neymar. Ils passent haut la main le contrôle anti-dopage du vétérinaire rétais Jacques Breuil.
“ TGV et TER vont très vite, DSK est un grand coureur et Neymar vaut des millions ! ” affirment-ils très sérieusement avant l’épreuve.
Le suspens est total. Autour des cagouillodromes ça crie, ça rit, ça pleure parfois lorsque son escargot ne bouge pas même d’un millimètre, ça arrose la piste et les spectateurs, ça encourage. Les parieurs misent des pièces en chocolat. Pour des cagouilles rétaises le rythme est particulièrement soutenu…
Lorsque DSK se détache très sensiblement sur la piste, en allongeant corps et cornes, Bertrand son entraîneur est quelque peu interloqué. Mais HEUREUX ! Il a fait le bon choix…
DSK, qui porte le n° 14, est déclaré champion 2018 à Loix. Il monte sur le podium, avec 2008 (N° 61), et L’Acrobate (N° 51) respectivement deuxième et troisième.
Le gagnant repart avec une splendide malette de jeux offerte par Winamax. Chaque participant a droit à un T-shirt logotypé Loix Cittaslow, puisque le village rétais bénéficie du label international depuis avril 2013. Et tous les participants se régalent d’un apéritif offert par Erick Martineau de la boulangerie La Place des Délices de Loix.
Après la course, j’ai bien ri. Un monsieur en villégiature aux Portes est venu trouver Lionel Quillet, transformé pour l’occasion, et comme chaque année, en animateur au micro. Ne sachant pas qu’il est aussi le maire de Loix, il lui demande s’il serait d’accord pour faire une telle animation lors d’un Salon professionnel à Paris dont il a la responsabilité. Il trouve l’idée de la course d’escargots formidable, et que ça mettrait un peu d’ambiance dans la manifestation dont il a la charge ! Réponse amusée du maire : “ Pour mes honoraires, voyez mon impresario ! Désolé, je ne dispose pas de beaucoup de temps pour faire cela à Paris, mais ç’eût été avec grand plaisir ! ”.
En vidéo, voici quelques petits moments de cette course phénoménale.
En parallèle, il y avait aussi les stands de dégustation et de plantes, dans le cadre de la manifestation Fourchettes et Binettes. De quoi se restaurer avec des produits locaux, de trouver de quoi égayer son jardin, de glaner des conseils de professionnels et de faire des boutures ou de les troquer. Et aussi d’acheter des paniers d’osier faits mains.
Rendez-vous au printemps prochain !