L’église d’Ars-en-Ré retrouve fière allure

Il y a trois mois, j’ai publié un billet concernant les importants travaux de restauration de l’église d’Ars-en-Ré.

Elle a déjà retrouvé une fière allure extérieure. La première partie des travaux se termine ces jours-ci. Ars-en-Ré - Eglise - 15 juin 2017

L’édifice présentait de gros problèmes d’humidité. Les eaux de pluie s’infiltraient du haut en bas, et à l’intérieur même de l’église.  Rendre étanche l’édifice a été la première urgence à résoudre.

Fin janvier, l’entreprise Gautier, située à Aytré, est intervenue sur la terrasse du clocher.

Un gros travail préalable, confié à un spécialiste en à la matière, pour que la pluie ne soit plus un problème. Même les gargouilles sont maintenant habillées de plomb.

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L’église d’Ars est une vieille dame qu’il faut absolument protéger de l’humidité qui la ronge du dehors et du dedans.

Ars-en-Ré - Travaux église -Plans - 20 mars 2017
20 mars 2017.

Le dossier est suivi par deux architectes du Patrimoine, Elsa Ricaud et Stéphane Berhault. Ils travaillent en binôme.

Elsa Ricaud et Stéphane Berhault, architectes du patrimoine.
Elsa Ricaud et Stéphane Berhault.

Toutes les semaines, une réunion de chantier réunit les intervenants et les élus de la commune. Une grande attention est portée à ce bâtiment emblématique d’Ars.

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L’escalier qui monte vers le clocher nécessitait aussi une efficace remise à niveau. Les marches étaient considérablement abîmées par la pluie qui ravine depuis le haut. Dans la seconde volée de l’escalier les pierres étaient gorgées d’eau.

Ars-en-Ré - Eglise - 15 juin 2017
15 juin 2017.

A l’intérieur de l’église les traces de moisissures sont très visibles sur les voûtes situées juste en dessous de l’escalier.

C’est aussi l’occasion de renforcer la sécurité pour les visiteurs du clocher. Ils sont très nombreux. Avant même ces travaux, les visites avaient dû être interrompues l’année dernière.

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Des gouttières de cuivre ont été positionnées tout au long du bâtiment.

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Maintenant que les échafaudages ont été retirés, la blancheur des murs apparaît. C’est magnifique !
Ars-en-Ré - Eglise - 15 juin 2017

La couleur n’est pas encore tout à fait stabilisée. Le mortier à la chaux va durcir au fur et à mesure que l’eau va s’évaporer sous l’action du vent.

Il faut un peu de temps pour que ça sèche. Les quelques zones marbrées et moirées qui peuvent encore apparaître vont petit à petit s’estomper.

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Le chaulage se fait méthodiquement, jusque dans le moindre détail. Une fois la chaux étalée, les pierres apparentes sont badigeonnées pour harmoniser les tons.

Il n’a pas toujours fait beau temps en mars. Même sous un bon crachin pénétrant, les Compagnons Réunis sont intervenus.

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Je n’ai jamais autant photographié l’église ! En levant les yeux, je m’aperçois qu’il y a pas mal de petites croix de pierre. Quelle est leur symbolique ? Pourquoi y en a t-il autant ?

L’architecte affirme qu’il va falloir plusieurs saisons pour que l’église reprenne un équilibre : “ Trois à quatre années, une fois les travaux d’assainissement intérieur terminés ”.

Ars-en-Ré - Eglise - 15 juin 2017
15 juin 2017.

En avril, la partie droite de l’église a été chaulée.

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Le nouveau linteau de la porte arrière de la sacristie est bien en place. On dirait qu’il a toujours été là.

Ars-en-Ré - Eglise - 15 juin 2017
15 juin 2017.

Une fois les échafaudages retirés, il s’intègre parfaitement bien.

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A l’arrière de l’église la coupole a retrouvé son éclat. On perçoit maintenant bien ses écailles. Etonnamment, elles ne sont pas toutes semblables.

Ars-en-Ré - Eglise - 15 juin 2017
15 juin 2017.

En avril, les Compagnons Réunis se sont attaqué à une partie compliquée. Le vieux enduit de ciment doit être retiré. Ça dure des jours et des jours pour mettre à nu les vieilles pierres.  L’intervention au marteau-piqueur pneumatique est délicate pour ne pas abîmer la base.

A quand remonte l’ancien ciment ? Aux années 1950-1970, semble-t-il. A l’époque la restauration ne se faisait malheureusement pas avec de la chaux.

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Oh la la, que de gravas ! Des milliers de petits bouts de ciment.

En parallèle, il a fallu intervenir sous la coupole intérieure. Les joints des pierres qui composent les écailles étaient poreux. Il y avait même de beaux trous.

Jusqu’à mi-mai les échafaudages sont restés en place. Un savant mécano de métal.

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Sous le soleil et avec un beau ciel bleu, le bâtiment prend désormais une autre dimension.

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En prévision de la pose d’un drain tout autour du bâtiment, des recherches archéologiques ont été entreprises. La mission a été confiée à l’INRAP (Institut National de Recherches Préventives), sous la direction du Service Régional de l’Archéologie.

Cinq points autour de l’église ont été identifiés, en fonction des contraintes techniques du site.

Au départ il était prévu que le sol serait inspecté sur une profondeur de 90 cm, avec un maximum à l’appui des fondations. Ceci afin de déterminer les endroits où le drain devra être positionné par la suite.

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Les sondages ont duré trois semaines. L’étape consiste à établir un diagnostic en amont des travaux de drainage, pour savoir si des vestiges archéologiques existent, leur nature, et à quelle hauteur de sol ils apparaissent. “ Le but c’est de récupérer des informations avant qu’elles ne soient perdues. Et d’adapter les futurs travaux pour ne pas détruire les vestiges existants ” expliquent les archéologues de l’INRAP.

Outre la mini-pelle qui sert à dégager le sol, le travail se fait à la brosse, à la truelle, au petit burin, à la sarclette. Quasiment au scalpel. Le substrat est soigneusement passé au tamis. Genre chercher des aiguilles dans une meule de foin !

A chaque phase des sondages les archéologues prennent des photos, afin de garder la mémoire de leur intervention.

Les équipes techniques de la commune ont momentanément retiré les pavés autour de l’église.

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Des vestiges ont donc été mis à jour. Cela paraît tout à fait normal aux archéologues : “ Autour des églises, c’est toujours sensible ” précisent-ils.

Ars-en-Ré - Travaux église - Sondages archéologiques - 15 mai 2017
15 mai 2017.

Dans le premier carré de sondage, à gauche de l’église, au nord-est, deux sépultures ont été découvertes, dans ce qui est appelé les niveaux médiévaux.

Les ossements devraient remonter au 12e ou 13e siècle. Les datations le diront.

 

A l’arrière du bâtiment, rien n’a été trouvé.

Ars-en-Ré - Travaux église - Sondages archéologiques - 15 mai 2017
15 mai 2017.

 

Sur la partie droite de l’église, les archéologues ont finalement creusé à 1,80 mètre. Plus profond que ce qui était prévu, et sur sept mètres de long.

 

Il y a vraisemblablement là du remblai. Au fur et à mesure qu’ils grattent, ils découvrent des tas de choses. Des fragments de faïences. Des brisures de poteries vernissées. Des arêtes, des yeux et des écailles de poissons. “ C’est comme un mille-feuille avec des niveaux de circulations successives, et ce, dès les premiers 30 cm. Rien de spectaculaire, mais on voit qu’il y a eu de l’activité, avec des rejets de consommation. Ce sont des objets de la vie quotidienne. Cela ressemble à un dépotoir avec une matière abondante. On a là les poubelles des gens d’Ars entre le 16e et le 18e siècle ” commentent les archéologues.

Y avait-il un fossé jadis autour de l’église, au cours des guerres de religion, qui a été remblayé par la suite ? L’église était-elle fortifiée à un moment donné ? Les chercheurs vont se pencher sur le sujet.

Mon imagination galope. J’imagine que l’église était peut-être entourée de champs, de terre battue. Je me projette en arrière, il y a 400 ans, quand les Arsais jetaient ici tout ce qui ne servait plus. Ou quand ils subissaient les guerres de Religion.

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Les archéologues vont maintenant rédiger un rapport. Nous saurons ce qui s’est passé et à quelle période. Après l’été, le rapport sera remis au Service Régional de l’Archéologie. En fonction des résultats, celui-ci décidera, en accord avec le maître d’ouvrage, soit de procéder à des fouilles complémentaires avant la fin des travaux de l’église, soit de respecter des cotes de profondeur pour le drainage.

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Voici, en vidéo, un résumé des travaux de ces trois derniers mois :

La restauration des vitraux est à venir par un maître verrier. De loin, les dégradations ne se distinguent pas beaucoup. Mais de près, c’est une autre histoire, le métal autour des vitraux s’est oxydé. Les armatures ont grand besoin de se refaire un bon coup de jeune, elles sont éclatées.

Tous les vitraux seront démontés depuis l’intérieur de l’église, afin de leur faire une remise en plomb. Les éléments qui relient les verres entre eux vont être entièrement refaits. Les scellements dans les pierres seront également repris.

L’architecte explique que les ouvertures n’ont pas toujours été ainsi. On distingue des traces de meneaux, des poteaux verticaux en pierre, qui divisaient les ouvertures en deux parties sur la hauteur.

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Les sols vont aussi faire l’objet de soins particuliers. Certaines dalles sont incrustées de fleurs noires. Elles ont dû être réalisées par un artiste dont on ne connaît pas le nom. Toutefois une dalle avec un tournesol porte la griffe de l’artiste. Les archives font état que ces sols datent de la deuxième moitié du 19e siècle.

La technique a complètement disparu. Il faut essayer de retrouver la façon dont elles ont été faites. Et surtout la bonne recette pour qu’elles résistent aux remontées d’eau du sol ” indique l’architecte.

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Les Compagnons Réunis et l’entreprise de Chaux de Saint-Astier préparent des modules-tests pour les dalles. Différents dosages avec différentes chaux sont actuellement réalisés. Dureté, teinte, pigments naturels, autant de paramètres à prendre en compte.

Au final, ce devrait être très élégant.

Ars-en-Ré - Travaux église - Sols intérieurs - 9 mai 2017
9 mai 2017.

Il n’est pas prévu que la partie romane de l’église soit restaurée. Il y a une vingtaine d’années, elle avait déjà été remise en état. Néanmoins, des coulures noirâtres sont apparues sur la partie gauche notamment. Des algues terrestres, déposées par le vent, se sont incrustées dans les murs du bâtiment. Ces traces feront l’objet d’un nettoyage à la fin du chantier.

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Les travaux s’arrêtent pendant la période estivale. Ils reprendront à la rentrée. A bientôt pour la suite du reportage.

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