Vous avez peut-être remarqué que de grands insectes en bois se sont posés ces derniers jours sur les terres rétaises. Ils sont là à l’occasion du mois de l’Environnement qui se déroule du 1er avril au 1er mai. Ils illustrent la biodiversité, une des facettes du thème de cette 5ème édition : Champ libre pour la nature. Ces grandes sculptures de bois sont du Land Art monumental.
Cinq oeuvres ont été imaginées par l’artiste Matthew Burton, celui même qui avait créé la grande araignée en bois en 2015 à Sainte-Marie. Vous vous souvenez, des esprits grincheux l’avaient stupidement saccagée…
Les sculptures sont présentes d’un bout à l’autre de l’île.
A Rivedoux : le ponton des papillons amoureux. Ça se passe au Défend, tout près des champs où vole l’Azurée du Serpolet, papillon rare et protégé. Les deux papillons bleus sont époustouflants !
Oh les majestueuses ailes !
Il a une sacrée trompe ce papillon !
Un petit ponton permet d’accéder à un banc, où à coup sûr les passants viendront se poser pour rêvasser.
En contre bas, sur l’herbe deux fourmis montent la garde. Dans le vrai cycle de vie de l’azurée du serpolet elles jouent un rôle majeur pour son développement. Oh, ne pas s’approcher de trop près, ces dames défendent leur territoire, leurs puissantes mandibules impressionnent le visiteur.
Un moment magique…
A Sainte-Marie : abeilles et fleurs de pomme de terre. Au rond-point de la déchèterie la sculpture est au même endroit où l’araignée avait été construite il y a sept ans lors d’une précédente édition du mois de l’Environnement. On ne peut pas la manquer, elle est au bord de la route départementale.
Matthieu Burton raconte avoir rapporté neuf tonnes de bois flotté depuis l’Hérault où il réside pour réaliser les sculptures rétaises. Le bois de rivière n’a pas l’air de manquer là bas ! Il le récupère au bord du fleuve Hérault, amoncelé sur les rives après les crues. Rien ne se perd tout se transforme entre les mains de l’artiste.
La sculpture de Sainte-Marie a été pensée pour avoir le moins de prise au vent.
Les pétales sont ajourées, elles laissent passer l’air.
Matthew Burton a préparé ses oeuvres en amont en réalisant des maquettes à l’échelle. Pour installer les cinq sculptures à l’île de Ré il lui a fallu un mois sur place.
Chaque oeuvre est signée de couleurs différentes. Je vous invite à aller repérer les signatures.
A La Couarde : la rosalie des Alpes. Jusqu’à ce reportage je n’avais jamais entendu parler de cet insecte qui vit à La Couarde et à Saint-Clément. L’insecte est rare. Cette espèce, ainsi que son habitat sont protégés nationalement. Son corps est relativement grand (18–38 mm), étroit, aplati, gris-bleu. La Rosalie des Alpes possède de très longues antennes.
Fabienne Legall, responsable des Ecogardes raconte qu’en 2016 une antenne a été fortuitement découverte par deux écogardes dans un boisement couardais. Faut-il avoir encore l’oeil aiguisé pour voir une antenne ! Au début ils ont cru trouver une plume de geai…
Dans les semaines qui ont suivi un individu a pu être observé. Une étude lancée en 2020 a démontré qu’effectivement l’île de de Ré a une population avérée de rosalies des Alpes. Oh l’élégant insecte !
Et voici son interprétation artistique sur un terrain situé entre la Couarde et le Bois-Plage. A peine installée, au bord de la route les voitures s’arrêtent déjà et les appareils photos crépitent.
Ça vaut le coup d’aller la voir de près. Depuis les antennes jusqu’à l’arrière la bestiole mesure quinze mètres.
Ça vaut le coup aussi de rentrer à l’intérieur de son corps.
On dirait une cabane de dentelles ! On découvre bien le subtil montage artistique.
A Saint-Clément : osmie moi aussi. Le titre de la sculpture peut paraître étrange. Mais quand on apprend qu’une osmie est une abeille sauvage, cousine de l’abeille domestique, on comprend mieux. Elle contribue à la pollinisation. Elle est infatigable, elle peut voler plus de 14 h durant, en faisant des va-et-vient incessants entre les fleurs et les loges de ponte. Elle ne transporte pas de pollen sur ses pattes et elle ne produit pas de miel.
Là il nous est proposé de nous transformer en abeille osmie, voletant d’un bout à autre d’une passerelle de bois et de butiner le contenu des pistils des fleurs.
Lorsque l’artiste est venu faire des repérages sur place en octobre dernier, il avait pensé à une vingtaine de mètres de longueur. Au final la passerelle mesure 42 mètres !
Il y a de quoi passer un moment unique en se faufilant dans le passage et se prendre pour l’abeille virevoltante en réfléchissant posément devant les écriteaux gravés sur lesquels figure un proverbe ou une citation.
D’ici la semaine prochaine les petits panneaux seront installés sur les étamines du parcours. Mais déjà Matthew Burton dévoile le contenu de l’un d’eux, une citation de Victor Hugo : « Le beau est l’épanouissement du vrai ».
La sculpture est située sur le terrain juste en face du parking (ex Arche de Noé). Les enfants vont adorer, les adultes sans aucun doute. Franchir cette passerelle de bois c’est un peu aussi se prendre pour Indiana Jones…
Et au fond, le Phare, bien évidemment…
A Loix, le lombric. L’oeuvre est actuellement en phase de réalisation. Ici l’artiste et les écogardes ont souhaité travailler uniquement avec des matériaux rétais : cannes de Provence et bambous qui font partie de la liste des plantes invasives.
L’oeuvre est collective. En amont, Matthew Burton a rencontré l’équipe de Ré-Jeunesse, la nouvelle structure intercommunale dédiée aux ados. Les jeunes ont créé le dessin du lombric. Ils ont voulu qu’une partie de son corps soit dans le sol, le bout du ver et sa tête sortant à l’air libre.
Vite, vite, tout le monde met la main à la pâte. Les écogardes tressent les anneaux du futur ver de terre. « Nous sommes polyvalents » assurent-ils en souriant.
Deux jours plus tard, une vingtaine d’ados rétais sont fous de joie, ils deviennent artistes à leur tour. Ils étalent de la terre et du sable sur la structure, qui sera ensuite rendue imperméable avec des matériaux naturels afin de résister aux embruns. Le lombric devrait être terminé à la fin de la semaine.
Ces sculptures ont pour vocation d’être éphémères. Normalement elles devraient rester en place jusqu’à l’été.
Oh que ce Land Art fait un bien fou ! A l’oeil certes, mais au moral aussi dans ces temps compliqués.
Ce mois de l’environnement nous réserve bien d’autres surprises. Une brochure a été éditée. Elle est disponible dans les mairies et sur le site de la Communauté de Communes.
80 animations ont été concoctées avec ardeur par le service Environnement et les Ecogardes. Le programme est chargé : 12 spectacles, animations, ateliers, sorties nature, expositions, conférences, séance de ciné vélo, 2 projections, lectures, 9 visites d’exploitations agricoles, balades contées, marché aux fleurs, rallye avec cadeau au bout, concours photo, confection de soupe de légumes, tressage de nichoirs … Tout est gratuit.
Ça se passe dans les dix villages de l’île de Ré. Cela concerne tout le monde, du petit au plus grand. Les écoles, les centres de loisirs et le collège sont associés et même l’Ehpad. Ce mois de l’environnement est consacré à l’agriculture et à la biodiversité. Il vous sera donc aussi expliqué le programme Alimentaire Territorial mis en place à l’île de Ré.
Un temps fort : samedi 16 avril au Bois Plage, devant le magasin de producteurs. Une animation pour le moins surprenante. Son titre interpelle : Plante ton slip. Vous pourrez aller chercher un slip en coton, puis l’enterrer dans le sol de votre jardin et constater ainsi deux ou trois mois plus tard l’état de dégradation dû à la vie dans la terre.
Avez-vous aussi remarqué à La Flotte Astérix et Obélix au bord de la route ? D’aucun se sont demandé si un petit village de Babaorum allait s’installer là. Que nenni ! Il s’agit d’épouvantails conçus et réalisés par le centre de loisirs de La Flotte. Un concours du plus bel épouvantail est organisé dans toute l’île, avec la participation des enfants.
L’équipe est à fond sur le programme depuis an et demi..
Emeline Coupé a été recrutée en service civique pour renforcer l’équipe des Ecogardes à l’occasion de ce mois de l’Environemment. Une belle expérience pour la jeune femme qui a été une des chevilles ouvrières du programme 2022. Vous la croiserez sans doute au cours de vos visites.
Bon mois de l’Environnement à tous !
Je n’ai jamais mis les pieds à L’ile de Ré…. si l’occasion se présentait, je sais qui je prendrais comme guide….