10 villages rétais en chansons et contes

Connaissez-vous Le voyage de Théodule dans l’île de Ré ? En patois, Vouyage de Thiodule dans l’île de Rèye. Cette chanson date du début du 20ème siècle.

Son auteur n’a jamais identifié. Pourtant ce monsieur n’avait pas besoin d’aller à l’autre bout du monde. Faire route des Portes à Rivedoux était déjà un voyage en soi !

Vouyage de Thiodule dans l'île de Rèye - Dessin de Michel FruchardCette chanson est très connue à l’île de Ré, les couplets racontent : « Les Portingalaises aiment à danser, elles sont heureuses quand elles peuvent se trémousser. Les Villageoises aiment à causer . Les vieilles Loidaises aiment le vin blanc et les jeunes aiment les galants. Dans les capitales Ars et Saint-Martin, les dames ont de beaux chapeaux. Les gens de La Couarde sont connus pour leurs bains de mer. Les Boitaises sont plus culottées que leurs ânes. Les Flotttaises se passeraient de manger pour aller danser. Les Maritaises et les Nouasaises ne portent plus leurs sabots et mangent du gigot. Les Rivedousaises vont à la pêche aux palourdes et aux huitres en regardant passer les paquebots ».

A la fin de la chanson, il est dit : « Les Rétaises sont comme des braises, mais bien sages également. Si elles aiment s’amuser, elles savent aussi travailler ». Ah, nous voilà rassurés !

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Autrefois les Rétais se réunissaient à la veillée pour passer un bon moment, raconter des histoires et chanter.

Affiche Veillée des Conteurs 2

 

Depuis huit ans, la Veillée des Conteurs perpétue la tradition. D’un village à l’autre, est le thème choisi pour la veillée du 6 novembre prochain.

Des histoires de jadis, il y en a à la pelle ! Est-ce la présence marquante des clochers dans l’île ? 

Il suffit de tendre l’oreille, les mots sont truculents, parfois caustiques. Les Anciens aiment se souvenir. Sourires, voire rires, garantis…

 

Ils seront une quinzaine à intervenir.

Fernand Pajot : un bonheur de gaité, il chante depuis l’âge de 5 ans. Marinette Caillaud : elle connaît son village de Saint-Clément comme sa poche. Robert Aujard a une voix puissante qui porte aux Portes. Janine Costa, arsaise, elle écrit des poèmes, des odes à son île chérie. Joël Guillaudeau : un conteur et un chanteur né, de surcroit doué d’humour. Joseph Gaudin, il est dit le sage de La Couarde. Christiane Verret, grande collectionneuse de cartes postales, elle a une connaissance pointue du territoire, et surtout une bien jolie voix, on la surnomme le rossignol du Bois. Jean-Claude Bonin, il unit le nord et le sud de l’île de par son lieu de naissance, Saint-Clément, et son lieu de résidence Rivedoux. Madelaine Ayrault : la doyenne des conteuses, elle sait comme nulle autre vous embarquer dans son monde de légendes rétaises. Edmond Héraudeau : appuyez sur le bouton, il est intarissable d’histoires du pays. Jean-Pierre Lévêque, ostréiculteur à Rivedoux, il connait tous les petits secrets de son village. Jacques Penaud : il a connu la jet-set des Portes avant que le mot ne la désigne ainsi.

Et pour animer le tout, Michel Pelletier, Monsieur Loyal, lui-même farouche défenseur de l’identité rétaise. 

La semaine dernière, je suis rentrée sur la pointe des pieds, ils étaient en pleine répétition. Quand ils ont interprété du fond du coeur, une chanson 100 % rétaise, je me suis demandée s’il n’y avait pas là une once de chauvinisme, fortement partagée : « mon pays, mon île rétaise, qu’il demeure toujours mon amour…»

Ils font partie soit du COREPOR (Collectif de Recueil du Patrimoine Oral Rétais), soit du CRICRI (Comité pour le Recueil et l’Inventaire des Chansons Rétaises Introuvables), que Michel Fruchard anime tout au long de l’année. Merci à toi Michel pour avoir dévoilé, en avant-première pour le blog, quelques uns de tes dessins qui illustreront la soirée. La manifestation est organisée sous l’aile bienveillante de l’AAMEC (Association des Amis du Musée Ernest Cognacq) 

La joyeuse troupe va donc entraîner le public dans chacun des dix villages de l’île. 

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Pour illustrer les Portes-en-Ré, des paroles de Marie-France Joguet et d’Eric Babaud, écrites il y a une trentaine d’années. Un texte toujours d’actualité, des mots sacrément envoyés. La dame avait du caractère et un franc-parler !

Pour Saint-Clément, un texte de Lucienne Verdon à propos du Phare des Baleines.  

Pour Ars, ce sera l’Histoire d’un paysan, chanson écrite en 1880 par un Casseron, François Menuteau. Elle dit les gens pauvres, ceux de la partie nord de l’île, qui vivaient chichement et qui travaillaient alors pour les bourgeois, comme on le disait à l’époque. Avec en plus, un ou deux poèmes autour des lieux-dits et les hommes et femmes, le tour du village sera réalisé. Histouère d'in paisan - Dessin Michel Fruchard

A Loix, c’est La Noce d’Octave, une ritournelle co-écrite par le curé Bernard et par Octave Bernard en 1900. Magnifique, on s’y croirait !La noce d'Octave - Dessin Michel Fruchartd

La légende de Chanchardon raconte que lorsque Antioche reparaîtra, l’île de Ré disparaitra. C’est ce que disent ceux de La Couarde, car entre Ré et Oléron existe une faille géologique. « Marins, faites attention aux rochers de Chanchardon, sournoisement sous les eaux ils font sombrer les bateaux. Engloutis sous les flots, ils se vengent des matelots ». Cette prédiction s’est malheureusement plusieurs fois vérifiée.

La soirée ne peut que rendre un hommage à Trebor, acronyme de Robert Bercheteau, décédé il y a quinze jours. Il a écrit beaucoup de poèmes, certains font référence, tel celui du paysan de la terre et celle du paysan de la mer, un homme du platin. Vous connaissez sans aucun doute, les ailes du moulin du Bois-Plage, au Morinand. Elles existent aussi en chanson, Trébor les a justement mis en poème.

A la capitale, Saint-Martin, la Patriote a fait pas mal de potin. C’était une société de musique qui organisait les festivals de gymnastique.

Un véritable tube d’autrefois, sera chanté dans sa version flottaise : Manon, faut que tu t’éveilles. Elle relate les recommandations du mari à une magayante avant qu’elle n’aille ramasser le sart, les algues, à la côte.Manon, o faut qu'et t'éveuilles - Dessin Michel Fruchard

Un monologue, intitulé L’emplâtre du Maritais, a fait les beaux jours de Sainte-Marie. A l’époque, entre les villages on se faisait des farces. Celui-ci en raconte une bien bonne entre ceux de la Flotte et ceux de Sainte-Marie. Pas triste !

Et pour terminer, Rivedoux. Même le député, Monsieur Chacun, y est allé de son couplet à propos des premiers touristes. Cette chanson a longtemps séjourné dans les tiroirs de la famille Vergnaud.

Les musiques des chansons ont été relevées minutieusement par Françoise Fruchard. Et lorsque les textes n’avaient pas de musique ou bien que les airs n’étaient pas précisément identifiés, en sa qualité de musicienne, elle les a agrémentés de notes de sa composition. De toute façon, le public va chanter à l’unisson, car les textes de ces petits-chefs d’oeuvre sont distribués, et lorsqu’ils sont en patois le texte en français figure en face.

Une soirée rétaise ne peut pas se concevoir sans boire et sans manger. Un en-cas, une bouvette comme on le dit ici, préparée comme d’habitude par Fabien Jacques, régalera le public. Sans oublier bien sûr…, le pineau !

Chanson do pineau

Pour participer à la 8ème Veillée des Conteurs rétais, la réservation est obligatoire, car les places sont comptées. Généralement la soirée fait le plein. Le musée Ernest Cognacq prend les inscriptions sur place ou par téléphone : 05 46 09 21 22. Cependant il est nécessaire de régler d’avance 9 € par personne.

La soirée débutera à 19h30, elle dure officiellement trois heures, mais compte tenu de la verve des intervenants et de la bouvette au milieu de la première et de la seconde partie, le public est parti pour un voyage un petit peu plus long.

Chaque année la Veillée des conteurs change de village. Ainsi que cela a été le cas pour la deuxième édition, celle de 2015 se passe à Ars-en-Ré, dans la salle des fêtes.

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