Eglise Ars (presque) au terme de plus de trois ans de travaux

Rappelez-vous, les premiers travaux de rénovation de l’église d’Ars-en-Ré ont débuté en novembre 2016. Ils touchent à leur fin en ce qui concerne cette première grande phase, programmée par la commune.

Que s’est-il passé ces six derniers mois ? Certes le confinement dû au COVID 19 a perturbé quelque peu le planning de la dernière ligne droite, mais ça y est on y est presque…

La restauration et l’installation du lustre. Voilà un événement qui a marqué la période.

28 novembre 2019, le lustre restauré à neuf retrouve sa place dans l’église. Un moment intense. Le montage des différentes pièces sur place, et ensuite l’accrochage, ont nécessité une journée entière de travail.

Aux yeux de certains ce lustre paraît incongru dans le lieu. Pour d’autres, il fait partie intégrante du décor. Son histoire est racontée dans les vieilles familles d’Ars. Josiane Pajot se souvient : « Ma mère m’a autrefois expliqué qu’il a été offert à l’église par la famille Brun, à laquelle ce lustre avait été par ailleurs donné. Il était bien trop volumineux pour leur salon ! ».

De quand date-t-il ? Ce lustre à pampilles de cristal est typique du style Second Empire, fin XIXème/début XXème siècle. Ce que confirme la Maison Lucien Gau, dont le savoir-faire remonte à 1860. C’est à cette entreprise parisienne qu’a été confiée la restauration du lustre d’Ars.

Les pampilles des lignes de cristaux ont deux faces. La face plate est dirigée vers l’extérieur. Et celle à l’arrière, en forme de pointe de diamant, est à l’intérieur, afin d’accrocher et de refléter les lumières.

Des pièces d’origine encore valides ont pu être récupérées.

Avec la chaîne le lustre pèse environ 120 kg. Son diamètre est d’environ un mètre.

Oh que le lustre était en triste état lorsqu’il a été descendu l’année dernière ! Vu d’en bas un bon relookage s’imposait.

Posé sur le sol on se rend bien compte des dégâts subis ainsi que témoigne la photo prise à l’arrivée dans les ateliers Gau : plusieurs lignes de cristaux et verreries sont absentes, la tôle est ternie et verdâtre, sa finition vieil or totalement disparue.

Au terme de nombreuses heures de travail les pièces défectueuses ont été remplacées, le lustre a été remis aux normes électriques. Il est désormais muni d’une chaîne en acier laitonné traitée anticorrosion, longue de douze mètres.

En atelier, chaque pièce a été numérotée afin de faciliter le remontage sur place.

Une devinette : combien de points de lumières sur ce lustre ? 42 ! Ça en jette…

La réinstallation est délicate. Talkie-walkie à terre, talkie walkie à l’intérieur du toit, mètre par mètre, centimètre par centimètre, il retrouve sa position initiale.

Une courte vidéo montre comment cela s’est passé.

Maintenant bien en place le lustre n’est pas prêt de bouger. Cependant si besoin était de remplacer des lumières défectueuses, avec la nouvelle chaîne il sera plus aisé à descendre et à monter.

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Les sols en marquèterie d’enduit. Ils constituent une spécificité de l’église d’Ars. C’est d’ailleurs la première fois que Les Compagnons Réunis ont réalisé un tel tapis de chaux, avec cabochons incrustés.

Au fil des mois la technique est éprouvée, le sujet parfaitement maîtrisé, tant dans les gestes que dans le travail de la matière : épaisseur de la chaux, grillage en fond de tapis.

La grande croix de Malte, à l’entrée de la nef centrale, commence à voir le jour fin novembre 2019.

Une fois terminés, l’humidité des sols doit se résorber avant d’autoriser les passages. Il faut attendre de nombreuses semaines avant que cela soit bien sec.

Une devinette : quelle est la longueur totale des tapis en marqueterie de chaux ? Environ 90 mètres !

Autres sols. Dans plusieurs parties de l’église les sols ont été repris. Soit ils ont été nettoyés en profondeur, soit des pierres ont été changées. C’est incroyable comment, au final, on a l’impression que ces sols ont toujours été ainsi, impeccables.

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Bancs d’oeuvre et stalles. Un appel d’offres a été lancé par la mairie. Mi-mars, voilà les mobiliers classés de retour des Ateliers de La Chapelle où ils ont été restaurés, après autorisation de travaux donnée par la DRAC. L’entreprise est agréée Monuments historiques.

Cinq artisans ébénistes ont travaillé dans un délai court. Une prouesse d’artisans d’art, là encore.

Ce mobilier était considérablement fatigué et endommagé. Il a été décidé que le banc d’oeuvre, dit de « La Fabrique » serait finalement installé au fond de l’église, adossé au mur. Avant les travaux il était placé en bout de rang dans l’allée centrale.

Pour les stalles tout était à reprendre. Avec les surprises habituelles : état des bois, niveaux des éléments, pointes. Apparemment ces stalles ont jadis intégré des ré-emplois de bois. Elles sont composées de plusieurs essences, : sapin, chêne et noyer.

En atelier l’ensemble du mobilier a été désossé. Des pièces en bois neuf ont été rajoutées. Mais une fois les stalles re-teintées dans leur couleur d’origine, puis cirées, cela ne se voit aucunement. C’est un travail magnifique, élégant de surcroît.

Mi-mars, on en est à la pose dans l’église. Mais petit hic. Le tapis de chaux à motifs du milieu de l’église a été décalé d’une quinzaine de centimètres, par rapport à sa position avant travaux, afin qu’il monte vers le choeur en plein centre. Du coup il faut revoir le positionnement des stalles afin qu’elles s’intègrent bien dans l’ensemble, tout en ne chevauchant pas les motifs.

Plusieurs solutions sont envisagées, elles doivent encore être validées par la DRAC. Les stalles sont donc reparties en atelier en attendant que soit prise la décision d’endroit précis de pose.

Une fois les stalles posées à leur emplacement définitif, il restera encore à étudier le chauffage par tapis chauffants.

Juste pour se faire une idée, voilà l’état « Avant » des stalles lorsqu’elles avaient été déplacées afin que les travaux de sols puissent être réalisés. On comprend d’autant mieux la performance des ébénistes.

Bancs clos. Ceux existants n’ont pas pu être récupérés. Au démontage, le bois s’est effrité. De plus, jadis, ils avaient été assemblés avec des pointes. Après plusieurs solutions envisagées, il a été décidé de demander à l’entreprise Olivier/Mouilleron, à Ars, de créer un prototype en pin blanc, afin de les refaire neufs, à l’identique.

Le prototype s’avère satisfaisant, avec toutefois deux modifications : allonger la largeur de l’assise et incliner quelque peu l’appui-dos, pour des raisons de confort. La mairie d’Ars a passé commande de trente bancs. Avant de lancer la fabrication définitive, il faut attendre que les stalles noires soient de nouveau positionnées. Sera alors défini l’alignement et donc la longueur définitive des bancs par rapport à l’allée centrale. Au final ces bancs seront teintés, vraisemblablement dans une couleur proche de celle des vieux bancs clos.

Vitraux. Un merveilleux travail de rénovation a été mené par l’entreprise spécialisée Vitrail Dupuy.

Une deuxième phase de dépose et de repose a été réalisée en fin d’année dernière.

Une fois le déconfinement post COVID 19 annoncé, les travaux peuvent reprendre. Notamment la finition de la pose des vitraux et celle des barlotières, les traverses de chassis extérieures.

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Ces vitraux ont retrouvé un éclat insensé.

Croix de consécration. Fin novembre 2019, Lucie Roques, restauratrice d’art, s’est une nouvelle fois attaquée au sujet, afin de terminer la restauration des croix. Pour l’une d’entre elles, elle a exhumé cinq couches de peinture : deux rouges, une rose, et même une verte ! Et encore une autre rouge par dessus.

Les croix n’étaient pas obligatoirement repeintes les unes sur les autres, elles étaient parfois décalées, ce qui a un peu facilité le travail de recherche de la croix d’origine.

Je continue à être admirative de ce travail de fourmi et de patience. Lucie Roques a réussi l’exploit de sauver et de consolider la grande majorité des croix positionnées jadis dans l’église.

Dans les églises douze croix de consécration pouvaient exister, correspondant aux douze apôtres. Au lieu des douze croix habituelles, l’église d’Ars n’en comporte plus désormais que dix. Lucie Roques n’a pas retrouvé une des croix et une autre s’est avérée impossible à restaurer car les couches de peintures successives sont tombées en miettes.

Toutefois il reste encore deux croix à restaurer. Elles se situent dans la partie droite de l’église lorsqu’on accède par la porte latérale. Ce travail n’était pas inclus dans le marché initial de travaux, car situé près de La Chapelle Saint-François elle-même par ailleurs restaurée il y quelques années.

Ces croix feront donc l’objet d’un nouveau marché, lorsqu’une nouvelle tranche de travaux sera lancée. Voici une des croix qui existait avant l’intervention de la restauratrice d’art.

Eclairages. Avant les travaux l’éclairage était quelque peu anarchique.

Le choix s’est porté sur des luminaires en forme de gerbe. Selon leur emplacement dans l’église, ils ont été teintés dans le même ton que les murs et les piles. Soit beige clair, soit ocre-jaune foncé. Tout cela est subtil, l’idée étant qu’ils se fondent dans le décor. En plus du lustre, six zones d’allumage de l’éclairage ont été prévues.

Une impression de grande douceur se dégage lorsque l’église est illuminée.

Sonorisation. L’accoustique va devenir adaptée à l’église. C’est une bonne chose, car lors des cérémonies et messes il n’était pas rare que les micros et les enceintes crachouillent. La couleur des enceintes respecte celle des piliers, toujours avec la volonté de rendre ces éléments les plus discrets possible.

La facture de sonorisation, environ 30 000 €, est prise en charge par la paroisse rétaise, via des dons de fidèles.

Opération nettoyage et ultimes finitions. Après tous ces importants travaux, il faut nettoyer avant de remettre en place les éléments liturgiques et aussi passer quelques coups de badigeon à la base des murs.

Grand ménage. Les travaux ont généré de la poussière. Un grand ménage s’impose.

La table de communion en très bon état est en bois ciré. Elle court sur toute la largeur de l’édifice, en séparant la travée du chœur de la nef et des collatéraux.

Josiane, active paroissienne, la traite à l’essence de térébenthine. Hmm ça sent bon, et ça fait fuir les bestioles nichées dans le bois.

En complément une entreprise de nettoyage extérieure intervient car la surface est grande dans cette église.

L’humidité. Elle est permanente à l’intérieur du bâtiment.

Des signes de fuite apparaissent sur les badigeons cloqués, notamment en dessous de la couverture en pierre du bras nord du transept. Il faudrait de nouveau réviser les joints et hydrofuger les pierres, voire intégrer une étanchéité bitumeuse sous les pierres, sous peine de voir les badigeons se détériorer immanquablement.

Par ailleurs des entrées d’eau de pluie ont été constatées au dessus de la coupole du transept roman.

Pourtant dès le début du chantier les toutes premières interventions ont consisté à parfaire l’étanchéité à la base du clocher.

En début d’année, durant deux jours de nouveaux travaux ont été menés pour vérifier une hypothèse : cette humidité persistante viendrait-il du fait que les eaux descendent du toit supérieur de l’église, en tuiles, et tombent sur le toit inférieur en pierre ? Quelques éléments d’étanchéité défectueux ont été repris à cette occasion.

Puis de nouveau, en mars, les Compagnons Réunis sont intervenus pour colmater d’éventuelles fissures.

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Il paraît probable, ainsi que l’avait indiqué Stéphane Berhault, architecte du Patrimoine, qu’il faudra peut-être quatre ou cinq années, une fois tous les travaux de drainage et d’étanchéité réalisés, pour que le bâtiment trouve son équilibre en matière d’humidité.

Mise en beauté du portail d’entrée. Mi-mars, la grande porte se fait belle. Elle est repeinte par l’équipe technique municipale, en couleur « lie de vin Bordeaux ».

Cette couleur rouge a été recommandée en 1983 par Monsieur Borgeot, architecte des Bâtiments de France. Auparavant, la porte était d’une couleur marron indéfinissable, telle que nous pouvons le constater sur de vieilles cartes postales des années 1950.

Cette porte nécessiterait une bonne restauration, en particulier ses ferrures et son bois qui se délite à sa base. De plus, elle est difficile à ouvrir, j’en ai pour preuve avoir vu des paroissiens montés sur une chaise et tirer fortement dessus pour l’actionner.

Installation bancs. Les paroissiens ont hâte de retrouver leur église. Dès que cela a été possible, les bancs ont refait leur apparition. Début mars, lorsqu’une date d’inauguration officielle a été envisagée, vite vite on s’affaire pour remettre les bancs à leur place. Au centimètre près, munies de gabarit, Geneviève et Béatrice, membres du conseil paroissial, sont à pied d’oeuvre.

L’autel de liturgie. Son emplacement et la forme de l’estrade, sur laquelle il est posé, restent à définir. La DRAC souhaite que l’ensemble, estrade et sol incrusté dans le choeur, puisse s’harmoniser. Ce point fait l’objet de nombreuses discussions animées.

Eléments de décors et de patrimoine. L’équipe municipale a accepté la proposition de René Rémy, artisan peintre à la retraite à Ars, de redonner un peu de lustre à certains éléments. Ainsi les ancres en bois de La Chapelle Saint-Pierre (celle des ex-voto) ont été repeintes. De même la statue de la Vierge. Mais aussi les lettres des pierres où sont indiqués les noms des personnes inhumées dans l’église.

Le 3 février, serait-ce une des dernières réunions de chantier, en présence du maire Jean-Louis Olivier ?

Tout était donc mis en oeuvre rapidement afin que l’église ré-ouvre ses portes le 18 mars.

Patatras ! C’était sans compter avec le Coronavirus qui a obligé de tout annuler en raison du confinement imposé à tous.

Les Amis de l’église d’Ars-en-Ré. Une nouvelle association a vu le jour le 27 décembre 2019 : Les Amis de l’église d’Ars-en-Ré.

Son but : réunir les différents acteurs de la vie spirituelle, culturelle et matérielle de l’église en vue d’apporter toute aide nécessaire à l’aménagement, l’entretien ou la valorisation de son patrimoine.

Elle compte déjà 90 adhérents. La cotisation annuelle est fixée à 10 € pour une personne seule et 15 € pour un couple. Mail : amis-eglise-ars17@orange.fr

Dans les jours qui viennent, une réunion de chantier réunira les différents intervenants pour entériner les travaux d’ores et déjà achevés et faire aboutir les dossiers en cours : emplacement des stalles, de l’autel et de l’estrade, bancs et tapis chauffants.

Quand l’église pourra t-elle ré-ouvrir ? Nous en saurons plus très prochainement.