Ceux qui connaissent bien le lieu-dit Montamer vous diront que refaire la défense de côte de Sainte-Marie de Ré n’est pas du luxe pour mettre en sécurité les habitations situées à l’arrière. Les Martinais ont en mémoire la tempête Xynthia lorsque la mer s’est engouffrée dans la cuvette de la rue de Montamer. 80 maisons ont été plus ou moins endommagées.
Une enquête publique vient d’avoir lieu du 28 septembre au 14 octobre. Elle constitue une des dernières étapes administratives d’un dossier dont on parle depuis dix ans déjà. Les premières études, en particulier le diagnostic des ouvrages de protection, remontent à juin 2014. En matière de digue, les procédures sont particulièrement longues…
La plage de Montamer est prisée par les familles. Elle est surveillée en été. Le site est classé Natura 2000 et il est soumis à la Loi Littoral.
Comme pour tous les chantiers de digue de l’île de Ré, il ne s’agit pas de construire un nouvel ouvrage mais de refaire la protection existante à la norme Xynthia +20. Le projet vise à rétablir le trait de côte et la protection contre les submersions marines.
A Montamer il n’y a pas de digue à proprement parler, mais une protection très hétérogène. Au fil des aléas météo et des assauts de la mer, elle a été renforcée avec des gros cailloux de calcaire blancs et des enrochements posés sur le sable. Un perré en béton existe sur une partie, tout comme des ganivelles en bois y ont été installées. Même le muret existant ne se distingue plus très bien.
En dehors d’une protection efficace nécessaire, ce qu’il en est actuellement n’est pas vraiment esthétique. Cela fini par faire un fatras d’amoncellements qui permettent d’observer combien depuis toujours les Maritais ont dû et su résister aux assauts de la mer.
A l’extrémité de la plage, des petites falaises. Elles sont plutôt stables. Elles sont à une altimétrie qui correspond à Xynthia + 20. Elles ne sont pas concernées par une digue complémentaire.
Ainsi que cela a été le cas pour les précédentes digues reconstruites de l’ile de Ré, les travaux seront réalisés par le Département de la Charente Maritime, maître d’ouvrage.
La digue actuelle va être partiellement déconstruite puis reconstruite. La future digue mesure 400 mètres.
Trois des quatre principaux accès à la plage sont a priori conservés :
L’accès 1, à l’extrémité du secteur 1. Entre les protections et le cordon dunaire qui s’étend vers l’Est, il est situé près de la maison du Magayant, appelée aussi La Cabane.
Voici en croquis ce que cela devrait donner au final. Il est prévu d’installer des palissades de bois et un cheminement en lattes de bois.
L’accès 2, au milieu du secteur 1. On y accède directement à la plage depuis le parking situé de l’autre côté du cordon dunaire.
C’est là un des lieux préférés des habitués de Montamer. Au moindre rayon de soleil ils sont nombreux assis sur les bancs à profiter de la vue sur la mer.
Le mur existant, en pierres, est conservé. A la place de la porte en bois actuelle, il est prévu de poser un portillon étanche et de construire un escalier en béton pour rejoindre la plage, intégré dans un enrochement. Les croquis le montrent.
L’accès 3, entre le secteur 1 et le secteur 2. Il sert de cale d’accès à la mer, il constitue l’accès principal des secours à l’estran sur ce secteur.
La cale de mise à l’eau est conservée et une seconde, en symétrie, sera construite pour ouvrir la vue sur la plage et la mer. Une telle double cale existait déjà avant Xynthia.
Le dispositif de protection sera assuré par un mur en béton à parement pierre et par environ six mètres de long de batardeaux amovibles.
Les baleines peintes par un artiste de Sainte-Marie pourront-elles être conservées ? Les habitués de Montamer y voient là un symbole de leur plage préférée.
L’accès 4, à l’extrémité Ouest du secteur, a priori ne devrait plus exister, ainsi que cela est indiqué dans l’enquête publique. Sa suppression permettrait de réaligner le trait de côte.
Elle est constituée par un talus en enrochements de couleur claire, de type granite clair, sur l’ensemble linéaire du dispositif de protection, comme cela a été fait à Loix et à Rivedoux.
La digue elle même sera rehaussée à la hauteur de Xynthia + 20, comme pour toutes les ouvrages de l’île de Ré, selon les prescriptions demandées par l’Etat.
Pour le secteur 1, la protection prévoit une carapace d’une double couche d’enrochements clairs en granite gris clair à la place du perré actuel. Avec un muret de 80 cm de hauteur qui fait office de promenade surplombant le glacis, entre les accès 1 et 3. Il s’agit de conserver les usages existants sans en créer de nouveaux.
Les enrochements seront constitués de blocs de 0,3 à 1 tonne. L’emprise totale de la carapace en enrochements fait 7.5m de large.
Pour le secteur 2, la protection prévoit d’édifier un talus en enrochements.
A Montamer la mer peut taper fort. Ce dispositif complet devrait permettre une bonne résistance à la houle et une absorption de l’énergie des vagues et d’une partie des franchissements de mer.
Au plan de la végétalisation la dune sera re-fixée par des essences locales que l’on peut voir généralement sur place : oyat, oeillet des dunes, orpin, euphorbe maritime, liseron des sables, immortelle des dunes. Des plantations prendront place là où la dune est mobile actuellement et souffre du piétinement. Ces végétaux coloniseront le sable au fil des ans et devraient contribuer à la stabilité du trait de côte.
Et pour agrémenter la promenade des bancs seront posés sur le perré, aux accès 2 et 3, qui offre une splendide vue sur l’estran.
Autrefois les eaux pluviales étaient déversées dans la mer. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Néanmoins subsiste encore sur la plage un petit bâti en béton qui sera supprimé. Qu’en sera-t-il de la partie qui va vers la mer et sous laquelle des buses renvoyaient l’eau ? Des études complémentaires sont actuellement menées pour valider si cet ouvrage fait aussi office d’épi.
23 octobre 2020. 
23 octobre 2020.
La digue de Montamer est réalisée en application du PAPI 1 (Programme d’Actions de Prévention des Inondations de l’Île de Ré) labellisé par la Commission Mixte Inondation (CMI).
Son coût estimé est de 1 800 000 euros HT y compris les études préalables. Elle est financée à 40 % par l’Etat, 20 % par le Département, 20 % par la Région et 20 % par la Communauté de Communes.
Les travaux devraient commencer en septembre 2021 et durer cinq mois.
Ce sera la septième digue reconstruite à l’île de Ré depuis huit ans. Après celle du Boutillon à cheval sur Ars et La Couarde, la porte du port de La Flotte, la digue des Doreaux à Saint-Clément, la digue de la Fosse de Loix, la digue de Rivedoux et celle de la Couarde en cours de reconstruction.