PPRL, vers le début de la fin du tunnel ?

Lundi soir 7 juillet, au Bois-Plage, nouvelle réunion publique du président de la Communauté de Communes, Lionel Quillet, et des élus rétais au grand complet. 650 personnes se sont déplacées pour entendre la suite qui sera donnée au futur PPRL de l’île de Ré. L’assemblée à suivi avec beaucoup d’attention les dernières nouvelles, suite aux divers rendez-vous avec l’Etat, dont le dernier a eu lieu quatre jours auparavant au Ministère de l’Environnement.

 

PPRL, réunion publique 7 juillet 2014En janvier dernier, une précédente réunion publique avait laissé espérer la sortie du nouveau PPRL pour fin juin. Le public attend donc une nouvelle carte, celle qui prendrait en compte les ouvrages de défense contre la mer, à partir de laquelle les autorisations d’urbanisme devraient être instruites. Le Bois-Plage - Réunion publique 7 juillet 2014

« J’ai de bonnes nouvelles et une carte. Tout ce que je vais présenter s’appliquera au 1er octobre, date à laquelle la CDC instruira les permis de construire et d’aménager, à partir d’une méthode autre que celle forfaitaire. Ces éléments ont reçu un écho auprès du Ministère, en particulier la directrice de Cabinet Elisabeth Borne que je remercie. Nous avons pu trouver un terrain d’entente qui nous permet d’envisager l’avenir.

En matière de sécurité, rien ne sera jamais fini, il faudra toujours faire des digues, faire des plans, aménager… Nous avons des solutions pour notre territoire et pour la sécurité des personnes. C’est la seule chose qui nous anime et c’est important pour la vie de tous les jours. A l’île de Ré il n’y a pas que des gens fortunés, il y a beaucoup d’entreprises qui ont besoin de travailler. Il y a une vie permanente avec 18 300 personnes qui vivent à l’année, et aussi des résidents secondaires qui contribuent à la vie de cette île. Nous ne voulons pas plus d’urbanisme, mais pas moins, et que ce qui était existant reste existant » a déclaré d’emblée le président de la CDC.

Les discussions avec l’Etat ont porté sur la méthode forfaitaire, définie par la circulaire du 11 juillet 2011, que les élus Rétais jugent non adaptée au cas de l’île. La carte ci-dessous est celle de l’île de Ré si toutes les digues rompent au même moment.

PPRL - Carte d'aléa naturel, sans diguesIl a été donc été plaidé que des travaux ont déjà été réalisés et qu’ils devaient être pris en compte dans le futur PPRL, et que parallèlement la collectivité rétaise a les moyens de gérer les digues à l’avenir et de prendre ses responsabilités. D’autant qu’à partir de 2016, selon la loi GEMAPI nouvellement votée (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations), la compétence des digues et donc leur responsabilité incombera aux communes.

Tout cela est un peu complexe, mais tout s’enchevêtre et s’enchaîne…

Plusieurs éléments ont été intégrés dans les discussions, en particulier les travaux de défense de côtes de l’île de Ré, engagés et à venir.

Entre 1965, date du quasi abandon des grands travaux de digues, et 2010 année de la tempête Xynthia le montant estimé des travaux d’entretien des digues rétaises a été évalué à 5 millions €. Un montant bien modeste et insuffisant pour entretenir 60 km de digues…

– Après Xynthia et jusqu’en 2013, 20 millions de travaux ont été réalisés, d’abord pour parer au plus pressé sur les digues les plus préoccupantes, et ensuite pour consolider à neuf certaines défenses.Ile de Ré - Travaux de digues

– A ce chiffre s’ajoute la reconstruction intégrale de la digue du Boutillon, actuellement en cours, dans le cadre du PAPI de l’île de Ré, pour un montant de 10 millions €.

– 2 millions de travaux d’enrochements ont été réalisés en janvier dernier, avant et après les tempêtes à répétition de l’hiver.

–  16 millions de travaux, seront engagés en 2015 et terminés en 2016 : la digue des Doreaux à Saint-Clément des Baleines, la mise en sécurité du port de La Flotte et les défenses du village de Loix. Ces trois villages sont prioritaires car ils ont eu des zones de danger.PPRL - Travaux de digues à l'horizon 2016

– A partir de 2017, d’autres travaux dans les autres communes impactées : Saint-Martin, Sainte-Marie de Ré, Rivedoux, La Couarde-sur-Mer, Ars-en-Ré, Les Portes en Ré… Certains sont déjà validés, d’autres en projet.

A l’horizon 2017, au total 100 millions de travaux seront réalisés, validés par l’Etat. Ils sont financés à 40 %  par l’Etat, 20 % par la Région Poitou-Charentes, 20 % par le Conseil Général et 20 % par le CDC.

Il semble maintenant acquis que les travaux de réparation ou de construction de digues soient maintenant acceptés d’être pris en compte par l’Etat pour le futur PPRL.

Actuellement 140 autorisations d’urbanisme sont bloquées, sans compter les demandes qui ont été mises sous le coude par les particuliers et les professionnels, en attendant la sortie d’une nouvelle carte. Sur les 140 demandes, 100 bâtiments et/ou terrains n’ont pas été inondés pendant Xynthia, cependant les réponses négatives sont conformes à la méthode dite « forfaitaire » qui intègre le risque maximum.

Depuis un an, Didier Rihouey, cabinet Casagec, et le professeur JW. Van der Meer spécialiste des digues, ont travaillé pour apporter un scénario alternatif au scénario « forfaitaire », doctrine de l’Etat. Différentes modélisations aérodynamiques, avec de savants calculs mathématiques, ont été réalisées. Elles avaient été présentées en janvier. S’en est suivi une phase de diagnostic sur le terrain : 5000 points de levée topographiques sur l’ensemble du système de protection de l’île de Ré ont été réalisés, 50 kms de digues ont été analysés, des centaines de photos ont été prises, avec en plus un travail d’archivage en référence au passé, et aussi un retour d’expérience Xynthia. Moults simulations ont été faites, un nombre impressionnat de critères ont été balayés pour envisager toutes les hypothèses possibles.

Lionel Quillet a donc présenté une carte provisoire et son utilisation à compter du 1er octobre 2014. Elle évoluera au fil des années en fonction des travaux de digues effectués. Celle-ci ne peut être encore distribuée puisque la CDC continue la négociation avec l’Etat, lequel a validé la méthode pour l’île de Ré, mais pas la carte. Toutefois, au 1er octobre 2014, elle devrait servir de base de travail pour les demandes d’urbanisme.

Elle montre néanmoins qu’en tenant compte des premiers travaux de digues, les niveaux d’eau prévisionnels sur le territoire rétais sont en deçà de ceux de la carte de l’Etat sortie en juin 2013.  « 40 % du territoire urbanisé de l’île de Ré était sous l’eau, avec la nouvelle modélisation, 26 % restent sous l’eau » a affirmé le président de la CDC.

« La carte de l’Etat donnait 53 % du territoire urbanisé d’Ars-en Ré en eau, avec la nouvelle modélisation 38 %, par contre l’essentiel de ce territoire est en dessous de 50 cm, il ne restera plus que 11 % entre 50 cm et 1 mètre d’eau.

La Couarde : une des communes les plus impactées, 91 % de la commune était sous l’eau. Avec la nouvelle modélisation il n’y aura plus que 62 %, mais une grosse partie sera à moins de 50 cm.

La Flotte : il y a une évolution de 3 ou 4 %, mais La Flotte évoluera sensiblement une fois que la porte du port sera faite, puisque le port est en contre-bas.

Les Portes-en-Ré : 79 % de la commune urbanisée était sous l’eau, avec la nouvelle modélisation moins de 50 %, et dans ces 50 % près de 30 % sont à moins de 50 cm.

Loix : peu d’évolution car le village est sur une topographie assez élevée, 29 % étaient sous l’eau, il restera 23 %.

Rivedoux : on passe de 15 à 9 %, et pratiquement tout est en dessous de 50 cm.

Saint-Clément des Baleines : c’est la commune qui bénéficie le plus de la nouvelle modélisation, car  la modélisation précédente de Saint-Clément était totalement sur-interprétée avec la défaillance complète des Doreaux. 76 % était sous l’eau, on passe à 27 %.

Sainte-Marie de Ré : on a une légère amélioration, mais Sainte-Marie était peu touché, et le chiffre  s’améliorera avec les travaux à Montamer.

Saint-Martin de Ré : peu touché aussi, mais avec la nouvelle modélisation on passe de 8 % à 5 % du territoire urbanisé. 

Une autre carte, à l’horizon fin 2017, lorsque tous les travaux de digues auront été terminés, a été présentée. On respire ! Est-ce à ce moment-là que nous verrons vraiment la fin du tunnel ?

Avant que ne sorte le PPRL, il faudra que la carte d’aléas soit aboutie. Lionel Quillet a plaidé pour un PPRL indicé, qui tiendrait compte des travaux réalisés au fur et à mesure.

Bien évidemment les professionnels, tout comme les particuliers, restent inquiets et sur le qui-vive. C’est long, long, long…. il faut encore attendre… A partir d’octobre, la situation devrait un peu se décanter. Mais il est évident que les permis d’urbanisme jusqu’à lors refusés vont pouvoir être représentés + ceux gardés sous le coude. Nous risquons d’assister à un goulot d’étranglement avec un nombre important de permis à instruire par la CDC. Le chiffre de 300 est avancé… Il faut être réaliste, compte tenu des délais d’instruction puis ceux du contrôle de légalité par l’Etat, ce n’est pas avant février ou mars 2015 que l’on commencera à y voir un peu plus clair. En plus, vont venir se rajouter des règlements d’urbanisme liés à la hauteur des niveaux d’eau prévisionnels. De 0 à 50 cm, il y aura bien évidemment des prescriptions et de 50 cm à 1 m des prescriptions fortes. Lesquelles ?

Soulignons au passage l’important travail réalisé depuis des mois pour déjà en arriver là ! Le public ne s’y est pas trompé, en applaudissant fortement les équipes qui sont à la manoeuvre. 

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